La défaite de l’Allemagne face au Japon a prouvé qu’il n’existe plus de petites équipes en football. Les Allemands doivent et peuvent montrer autre chose, mais la tâche s’annonce difficile ce dimanche soir, face à l’Espagne.  

Il est dans le football des signes qui ne trompent point. La défaite de l’Allemagne, mercredi, face au Japon, a livré une évidence et une conclusion: il n’y a plus de petites équipes. L’Allemagne n’est plus une grande équipe. Malgré une domination et une possession de balle qui a dépassé les 70%, les Allemands se sont fait avoir à l’arrivée comme des bleus, sans mauvais jeu de mots.

Dès lors, l’Allemagne, quatre fois championne du monde, risque fort d’avoir une vision assez éphémère du désert qatari, une sorte de mirage en fin de compte.

Séisme

En effet, leur voyage au Qatar risque d’être aussi court que leur séjour en Russie, lors de la Coupe du monde 2018, où ils n’avaient pas passé le premier tour.

Cette élimination avait été perçue à l’époque comme un séisme pour une nation habituée à jouer les premiers rôles dans les compétitions internationales.

Une réplique quatre ans plus tard serait un véritable désastre qui confirmerait que la Mannschaft n’est plus cette équipe que personne ne souhaiterait croiser. Hormis ses propres supporters, l’Allemagne ne fait plus peur à personne.

 

Preuve en est, et signe des temps peut-être, à peine mille supporters avaient fait le déplacement, mercredi, pour le match contre le Japon. Le problème, c’est que cette défaite face au Japon a ressuscité des démons que semblait avoir chassés Hansi Flick, lequel avait redressé la sélection éjectée en huitièmes de finale de l’Euro 2021 par l’Angleterre.

Après avoir enchaîné huit victoires, l’ancien entraîneur du Bayern Munich semblait avoir fait le plus difficile, juste avant de replonger dans ses doutes.

Contre l’Espagne, ce soir, la mission semble, sinon impossible, du moins délicate.

Impressionnants de justesse dans la conservation du ballon, les Espagnols ont fait tourner en bourrique les Costaricains. Face à leur jeu ultrarapide et fluide, on voit mal la défense allemande, du moins celle proposée contre le Japon, tenir le choc face aux Ibériques.

Pourtant, les Allemands ont longtemps été connus pour former des défenseurs hors pair: Beckenbauer, Vogts, Kaltz, Briegel, Förster, Köhler, Jakobs, Brehme ou autre Lahm. Qu’ont fait les joueurs actuels de l’héritage de leurs glorieux aînés?

L’Allemagne de Joachim Löw, qui a longtemps dominé avec son jeu léché et son football de transition, a, elle aussi, cédé sur le front de la possession; le symbole de cet échec cuisant, tout le monde le connaît.

En définitive, il semblerait que seul le réalisme compte en football. Pour s’en être éloignés, les Italiens, pourtant passés maîtres dans cet exercice, viennent de l’apprendre à leurs dépens.

Sursaut d’orgueil

Le seul espoir pour les amoureux du football teuton est un sursaut d’orgueil. L’ex-Mannschaft était connue pour n’être jamais aussi forte que lorsqu’elle était acculée sous les feux de la critique.

Tous les fans de l’Allemagne y croient dur comme fer. L’Allemagne doit battre l’Espagne pour reprendre son destin en main. Sinon c’est le retour su casa dès ce soir. Une équipe ne peut pas vivre sur son passé glorieux, et dominer n’est assurément pas gagner.

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