Le métier d’entraîneur de football est un métier difficile. Premiers fusibles à sauter quand les résultats ne suivent pas, les coaches sont en même temps les maillons forts et les maillons faibles des équipes. Designer le meilleur entraîneur de tous les temps est un exercice difficile.

Le classement qui suit est à la fois objectif (les trois premiers au classement des trophées) et subjectif (des entraîneurs mythiques).

Le Top 3

Le plus titré: Sir Alex Ferguson

Une légende, probablement le meilleur entraîneur de football de tous les temps.

Sir Alex Ferguson, avec 48 trophées, dont 10 avec Aberdeen et 38 avec Manchester United (dont 13 Premier League, 5 coupes d’Angleterre et 2 Champions League), se place tout en haut du palmarès des coaches les plus titrés de la planète foot. Travailleur, courageux, véritable meneur d’hommes, l’Ecossais a réussi à remettre Manchester United sur les rails du succès après 27 années de disette (aucun titre de champion entre 1967 et 1992), et a porté au sommet des dizaines de stars, dont Éric "King" Cantona, Ronaldo ou encore David Beckham. L’expression "Fergie Time" est devenue légendaire lorsque United remportait fréquemment des matchs en fin de deuxième période, parfois même pendant les dernières secondes du temps additionnel. L’entraîneur a frôlé la mort à la suite d’une hémorragie cérébrale, le 5 mai 2018; après son rétablissement, son fils Jason réalise un documentaire sur la vie de son père, "Never give in", à voir sur Amazon Prime.

Le dauphin: Pep Guardiola

Avec 32 trophées gagnés avec trois clubs mythiques (FC Barcelone, Bayern Munich, et Manchester City) dans 3 pays différents, Pep Guardiola monte les échelons deux à deux et pourrait rejoindre Sir Ferguson dans les huit prochaines années. A 51 ans, il a même une bonne quinzaine d’années pour y arriver. Disciple de Johan Cruyff, il est déjà considéré par certains observateurs comme l’un des meilleurs entraîneurs du monde, tant par son palmarès que par le style de jeu de ses équipes; son jeu surnommé "tiki-taka" repose principalement sur la possession de balle et le redoublement de passes.

Le plus loyal: Jock Stein

Troisième de ce classement, Jock Stein, a été élu plus grand manager du Celtic par les fans du club écossais en 2002. Et pour cause: le coach a remporté ses 25 trophées avec le club. Une constance que seuls quelques entraîneurs ont réalisée avec un seul club (comme Walter Smith avec les Rangers, Bob Paisley avec Liverpool ou Valeriy Lobanovskyi avec le Dynamo Kiev). Stein terminera sa carrière comme entraîneur d’Écosse, mais connaîtra une fin tragique. Le 10 septembre 1985, l’Écosse affronte le Pays de Galles lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde 1986. Le Pays de Galles mène 1-0 avant que l’Écosse ne reçoive un penalty à 9 minutes de la fin et égalise. Ce match nul assure un barrage de qualification contre l’Australie. Stein, qui était en mauvaise santé et soumis à une pression intense, est victime d’un œdème pulmonaire à la fin du match et meurt, peu de temps après, à l’infirmerie du stade; il avait 62 ans. Sa mort a eu un effet profond sur son assistant d’Aberdeen, un certain Alex Ferguson, qui considérait Stein comme son mentor. Ferguson est nommé manager par intérim et mène l’équipe d’Ecosse à la Coupe du monde 1986.

Mais aussi…

Le plus complet: Carlo Ancelotti

L’un des managers les plus célèbres du football européen, Carlo Ancelotti a entraîné 10 clubs (série en cours) et a remporté 20 trophées dans cinq pays différents avec le Milan AC, Chelsea FC, le Paris Saint Germain, le Real Madrid, et le Bayern Munich. Il est l’un des trois managers à avoir gagné trois fois la Ligue des champions, deux fois avec l’AC Milan et une fois avec le Real Madrid. Il aura très probablement l’occasion d’étoffer son palmarès cette saison avec un titre de champion d’Espagne avec le Real Madrid.

Le plus innovateur: Johan Cruyff

Considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde, le Hollandais Volant, le Prince d’Amsterdam ou El Flaco (le maigre) est également considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs, qui a su marquer l’histoire du football, notamment à Barcelone où il a révolutionné le jeu et instauré une philosophie qui a vécu bien au-delà de son départ en 1996. Il réforme la Masia, le centre de formation, et impose la formation de joueurs plus techniques que physiques. "Le football est simple mais il est difficile de jouer simple", se plaisait-il à répéter. En effet, son style de jeu a l’air très simple à première vue, mais il est basé sur un déplacement constant des joueurs, ce qui le rend beaucoup plus compliqué car il nécessite une parfaite coordination des joueurs. Cruyff est la personne la plus importante dans l’histoire récente du Barça. Rien de surprenant à ce que le club ait fait construire une statue à son effigie devant le Camp Nou.

Le plus prometteur: Zinedine Zidane

Avec 11 trophées en cinq ans de carrière en tant qu’entraîneur, dont trois Ligues des champions d’affilée (record), Zidane est parti pour battre des records et étoffer son palmarès au fil des années. Sans club depuis un an, il doit cependant faire ses preuves en dehors de la Maison Blanche. Pour l’instant, il laisse planer le doute sur ses ambitions professionnelles, alors que certains le voient déjà comme le futur entraîneur du PSG ou le successeur de Didier Deschamps à la tête des Bleus.

Le plus inattendu: Richard Møller Nielsen

Richard Møller Nielsen est le maître d’œuvre de l’une des plus grandes réalisations de l’histoire du football européen, lorsque le Danemark a surpris tout le monde en remportant le Championnat d’Europe en 1992. Tout commence à l’été 1990 avec la nomination de Nielsen au poste d’entraîneur, alors qu’il n’était pas le premier choix de la fédération danoise. Initialement, le pays ne devait pas participer à l’Euro, du fait qu’il a terminé deuxième de son groupe. Mais la Yougoslavie est disqualifiée pour la phase finale au motif de son implication dans les guerres de Yougoslavie, et les Danois sont ainsi appelés au pied levé pour la remplacer, à dix jours du début du tournoi. Un mois après, le Danemark bat l’Allemagne 2-0 et monte sur le toit de l’Europe. Malgré cette victoire, Nielsen ne sera pas apprécié à sa juste valeur au Danemark, alors qu’il a été nommé sélectionneur de l’année dans le monde. Ce n’est qu’après sa mort, en février 2014, que le petit pays du nord de l’Europe réalise à quel point il comptait pour la nation. Nielsen a été officiellement intronisé au Hall of Fame du football danois, une tribune du stade du club d’Odense a été baptisée de son nom, et un film a été tourné sur la fameuse victoire en 1992 (Summer of 92 sur Netflix).