Lancé en janvier 2022, no/mad utopia offre un soutien sur mesure aux artistes en organisant des expositions et en participant à des foires internationales. In a State of Flux, la dernière manifestation en date, se tiendra du 29 septembre au 2 octobre 2022 à Arthaus Gemmayzé et interroge le sens l’histoire.

Présentant un éventail de créations contemporaines issues de la région MENA, no/mad utopia est une plateforme dédiée à une génération qui s’interroge sur le sens de l’histoire, la construction des identités, les frontières sociopolitiques et les normes non écrites ancrées dans des sociétés données.
Espace itinérant d’expression poétique engagée, no/mad utopia offre une scène de réflexion au-delà des frontières où les aspirations régionales contemporaines sont mises en dialogue avec des questions d’ordre global.

À propos de la fondatrice

D’origine française, Marie-Mathilde Jaber s’est installée à Beyrouth en 2014 après avoir obtenu un MA en histoire de l’art/droit du marché de l’art à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a d’abord travaillé à la Metropolitan Art Society, un espace dédié à l’accueil d’expositions en collaboration avec des galeries internationales comme Kamel Mennour. Soucieuse de poursuivre son intérêt pour l’art, elle a suivi le master professionnel en critique d’art et curatoriat de l’Université Saint-Joseph tout en travaillant pour la Collection Saradar, avant de rejoindre l’équipe de BEIRUT ART FAIR en 2017. Cette expérience l’a exposée aux scènes locales et régionales de l’art contemporain, ce qui lui a permis d’établir des relations solides avec leurs principaux acteurs.

Artistes représentés et exposés dans In a State of Flux

Johanne Allard (Canada) | Dalia Baassiri (Liban) | Lilia Benbelaïd (France/Algérie | Aline Deschamps (France/Thailande) | Alaa Itani (Liban) | Salah Missi (Liban) | Jacques Vartabedian (Arménie/Liban).

Propos curatorial

In a State of Flux, l’exposition inaugurale de no/mad utopia, examine les questions de l’impermanence dans le monde contemporain, avec un accent sur le Moyen-Orient et plus particulièrement le Liban. Les artistes cherchent à révéler et à susciter une réflexion autour d’angoisses profondes, et souvent ignorées, de nature empirique et existentielle, et montrent une culture et des civilisations qui sont en mouvement et traversent des géographies inattendues.

L’incertitude fait des ravages sur les gens et leur psyché, car les êtres et les esprits évoluent dans un état de déplacement volontaire ou involontaire, à travers la géographie, mais aussi en leur sein. Bien que les domestiques migrantes photographiées par Aline Descamps évoluent dans des environnements hostiles, elles recherchent de fugaces moments de joie, alors que les hommes de Salah Missi couvent leurs tragédies et se replient sur eux-mêmes, fermant les yeux sur la réalité.

La représentation du corps humain lui-même devient plastique, oscillant entre héroïsme et oppression, espace physique et cyberespace. Avec Alaa Itani, les corps deviennent des formes organiques abstraites qui subvertissent les regards occidentaux et orientaux, tandis que Jacques Vartabedian examine notre représentation virtuelle médiatisée par les écrans.

La matière est également vulnérable au changement. À l’échelle micro, Dalia Baassiri dessine des bulles de savon éphémères comme métaphore de la fragilité de la situation au Liban. À l’échelle urbaine, Lilia Benbelaïd montre des paysages urbains que l’on croyait indestructibles et qui sont aujourd’hui dévorés par les conflits et les catastrophes, et Johanne Allard pointe du doigt le mouvement néfaste des drones contrôlés par une main invisible."

La curatrice Marie Tomb

À propos de la commissaire d’exposition

Marie Tomb est historienne de l’art, commissaire d’exposition et écrivain, et s’intéresse principalement au Moyen-Orient moderne et contemporain. Formée à l’université de Yale, à l’Institut d’art Courtauld et à l’École d’études orientales et africaines, Marie Tomb est l’auteur d’un grand nombre d’articles, qu’il s’agisse d’articles universitaires, de critiques ou d’essais. Marie collabore souvent avec des foires d’art et des musées régionaux de premier plan, en tant que consultante en matière de direction éditoriale et de recherche historique sur l’art, et donne fréquemment des conférences sur l’art et le design dans les universités.

Biographies des artistes

Johanne Allard

Johanne Allard (née en 1976) est une artiste canadienne multidisciplinaire basée entre le Canada et le Liban. Elle a obtenu un BA en théâtre et en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal en 1999. Pendant cette période, elle a été encadrée par le sculpteur de bronze de renommée internationale Arto Tchakmakchian.

Installée à Beyrouth en 2000, elle enseigne l’art et le théâtre et met en scène plusieurs pièces. En 2007, Johanne a rejoint le "Theater of the Oppressed Lab" à New York pour étudier sous la direction de son fondateur, Augusto Boal, et a donné des workshops aux éducateurs et aux leaders communautaires à Beyrouth. En 2011, Johanne a commencé à créer des sculptures en utilisant la broderie pour capturer une impression vive de l’agitation dans le Levant et les régions arabes. Sur les ailes des insectes sculptés, elle a brodé des images des mécanismes de la guerre et de la nature qui sont fortement symboliques et en dialogue avec les pratiques traditionnelles et culturelles de la broderie. Son travail récent cherche à montrer dans des détails graphiques et intimes les réalités des tragédies et le bilan bouleversant et durable qu’elles font peser sur les individus et la société. En 2021, Johanne a reçu une bourse du Conseil des Arts du Canada pour créer une installation multimédia sur le traumatisme collectif à la suite d’une catastrophe, en vue d’une exposition prévue à Beyrouth en août 2023.

Dalia Baassiri

Dalia Baassiri (née en 1981) est une artiste visuelle libanaise, née à Saïda, au Liban. Elle est titulaire d’une licence en design graphique de la Lebanese Amercian University de Beyrouth et d’une maîtrise en beaux-arts du Chelsea College of Arts de Londres. Ayant grandi pendant la guerre civile, elle s’interroge sur la relation avec un pays en conflit permanent. Comment s’identifier à une terre tout en ayant passé la majeure partie de son enfance cloîtrée? Dans son travail interdisciplinaire allant du dessin, de la peinture à la sculpture, elle trouve refuge et réponses dans les paramètres de sa propre maison. Le monde de la maison, de la poussière et tout ce qui se trouve entre les deux, est devenu son terrain fertile pour la création. Son travail a été présenté sur des plateformes nationales et internationales, parmi lesquelles la Galerie Janine Rubeiz (Beyrouth), la Galerie Odile Ouizeman (Paris), la Stand4 Gallery and Community Art Center (Brooklyn NY), le Sculpture Space (Utica NY), l’Arsenale Nord (Venise), et bien d’autres. En 2021, elle a été invitée à participer à Cities Under Quarantine; the Mailbox Project, par Dongola Books. Dans cet ambitieux projet de livre d’artiste, la maison d’édition a envoyé un carnet vierge fait à la main à 57 artistes du monde entier, qui ont réalisé des interventions dessus.

Lilia Benbelaïd

Lilia Benbelaïd (née en 1991) est une artiste visuelle franco-algérienne basée à Beyrouth, au Liban. En 2018, elle a obtenu un diplôme d’architecte d’État à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille. Dans le cadre de son diplôme de fin d’études, elle s’est penchée sur le sujet des camps de réfugiés, ce qui a marqué le point de départ d’une démarche à la fois personnelle et artistique. Arrivée à Beyrouth en mars 2019, elle a commencé une première série d’esquisses de paysages dans le camp de réfugiés de Chatila, donnant naissance au projet "Farasheh", qui aborde à la fois des thèmes spatiaux et environnementaux, tout en incluant les habitants dans un processus participatif et collaboratif. En parallèle, elle réalise une nouvelle série de croquis sur la ville de Beyrouth qui donne lieu à l’exposition intitulée in situ, en juillet 2020 à Beyrouth. Puis, en 2021, elle expose à Marseille et à Beyrouth sa série de sérigraphies intitulée "Urbanité Infinie".

Aline Deschamps

Aline Deschamps (née en 1991) est une photographe franco-thaïlandaise actuellement installée à Beyrouth. Elle est titulaire d’un master en relations internationales de La Sorbonne Paris 1 et d’un master en arts médiatiques numériques de l’EPSAA (École professionnelle supérieure d’arts graphiques de la ville de Paris). Son travail aborde des questions sociales et identitaires telles que le genre, la migration et l’héritage culturel. À travers son objectif, Deschamps cherche à traduire visuellement des témoignages sociaux et à remettre en question la représentation dominante de ses sujets.

Son projet à long terme le plus récent, I Am Not Your Animal, dépeint des travailleuses domestiques migrantes au Liban. Ses portraits intimes visent à créer un changement visuel dans la façon dont ces femmes sont habituellement représentées dans les médias grand public. Aline est lauréate de la bourse SCAM 2021 "Brouillon d’un rêve", du prix UPP-Picto 2021, et fait partie des finalistes du prix Levallois (2021). Elle a participé à des expositions collectives (Agence Vu, Fondation Manuel Rivera-Ortiz, Gulf Photo Plus etc.) et a également réalisé plusieurs expositions personnelles depuis 2009. Les photographies d’Aline ont été relayées par plusieurs médias internationaux (BBC, Libération, the British Journal of Photography, Público, L’Oeil de la Photographie, O’Globo, etc.). Elle est ambassadrice Canon, et membre de Women Photograph, Middle East Images et Diversify Photo.

Alaa Itani

Alan Itani (né en 1996) est un artiste visuel libanais basé à Beyrouth, au Liban. Il est titulaire d’une licence en arts de la communication de l’Université américaine des sciences et de la technologie et d’un BFA en arts plastiques de l’Université libanaise de Beyrouth. Il a également obtenu une bourse en gravure accordée par le Beirut Printmaking Studio en 2021. Il étudie les tensions dialectiques historiques de la dichotomie Est-Ouest, en examinant l’impact du néo-orientalisme sur le comportement social et politique du monde arabe et islamique. Ses projets, chargés de manière équivoque de politique et du comportement du monde arabe et islamique. L’humour, quant à lui, se présente sous la forme de partis pris centralisés et d’anecdotes personnelles tissées dans des histoires majeures non pertinentes, visant à manifester les couches d’absurdité et d’incompréhension qui réunissent les récits d’appréhension solides et rationnels de l’histoire.

Salah Missi

Salah Missi (né en 1992) est un artiste libanais né à Saïda, au Liban. Il est titulaire d’une maîtrise en architecture de l’Université arabe de Beyrouth et termine actuellement une licence en beaux-arts à l’Université libanaise.
Grâce à sa formation initiale d’architecte, il a acquis et développé de solides bases en matière de principes de conception et d’esthétique. Au fil de son parcours, il s’est intéressé au comportement humain et a trouvé dans l’art sa véritable expression. Sa curiosité se porte sur le monde arabe, où son travail se penche sur l’essence de "nous", les humains. En tant que citoyen d’un pays avec lequel il entretient une relation oscillant entre le désespoir, le dégoût et la révolte, Missi remet en question les règles non écrites de la société et l’impact des dirigeants corrompus sur nos vies.

Jacques Vartabedian

Jacques Vartabedian (né en 1987) est un artiste libano-arménien, né à Beyrouth, au Liban, où il vit et travaille actuellement. Il est titulaire d’une licence en beaux-arts et d’une maîtrise en peinture de l’Institut libanais des beaux-arts. Son travail consiste à créer des objets sociopolitiques conceptuels qui traitent des conditions de l’expérience réelle et de la réalité multiforme qui défie les frontières physiques et politiques existantes. Il combine des idées contemporaines avec des techniques traditionnelles et crée un mélange d’extensions de notre réalité qui sont basées sur ses fortes traditions culturelles et son intérêt pour le monde changeant d’aujourd’hui. Il a été lauréat du prix de peinture (Art on Board Beirut) de la Fondation Saradar en 2015, et du prix de peinture de la Fondation Boghossian en 2016, suivi d’une résidence d’art à la Villa Empain Bruxelles en 2018. Jacques a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives locales et internationales.

Contact:
Marie-Mathilde Jaber

Fondatrice et directrice de no/mad utopia gallery
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