Le Ring? Un tunnel d’une banalité qui n’a rien d’exceptionnel, d’aucuns diront. Ceux-là mêmes qui n’ont pas connu ce point stratégique, névralgique, tant convoité; l’objet de tous les désirs d’une génération, la génération de la guerre.

Le Ring. Un tunnel. Une ligne de démarcation. Le lieu de passage; du passage obstrué.

Au commencement du tunnel, Beyrouth-Ouest. De l’autre bout, Beyrouth-Est.

Le Ring. Non pas le mur de Berlin. Une césure à la libanaise. Une césure de plus.

Juste un tunnel. Infranchissable. Réputé infranchissable. Franchissable parfois. Franchissable souvent…

Qu’on se le dise, la débrouillardise est un art typiquement libanais. Essentiellement libanais. Car être libanais, c’est concevoir un plan B avant même de songer à un point A.

Et donc le tunnel… souvent plongé dans l’obscurité, faute d’électricité.

Un tunnel qui revient souvent me hanter.

Que de traversées illicites entreprises naguère…

Les lignes de démarcation sont des barricades faites pour être franchies, à l’instar des interdits qui ne demandent qu’à être bravés.

Le Ring.

Pourquoi cette appellation? Pourquoi cette appellation qui en anglais signifie "la bague"?

Peut-être pour ne pas oublier tous ces amoureux transis séparés par un tunnel qui scindait Beyrouth en deux: Beyrouth-Ouest et Beyrouth-Est. Scission qui désunit les amants. Et qui se retrouvent, le temps d’une bravade, le temps d’une traversée, au cœur du tunnel.

Effacées, le temps d’une étreinte, les frontières grotesques. Absurdes. Ignobles.

Et le temps d’un baiser, au cœur du Ring, s’en trouvent scellées les lèvres des deux Beyrouth, ré-unies pour l’éternité, en un anneau indestructible.

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