L’artiste Fadi Elchamaa est un peintre autodidacte dont le langage visuel et la recherche d’authenticité ont été fortement influencés par la culture arabe et moyen-orientale dans laquelle il a été longuement immergé. Ses œuvres ont été exposées au salon d’Automne du musée Sursock et dans plusieurs galeries connues au Liban, à Dubaï, au Caire, à Paris, à Londres et à Berlin.

L’exposition Fuqa’a (Bulle) de Fadi Elchamaa, qui se tient du 10 novembre au 1er décembre à la Galerie Janine Rubeiz, nous transporte d’emblée dans un monde enchanteur. Se dévoile ainsi devant nos yeux émerveillés un univers de bulles évanescentes, frêles et fragiles, prêtes à s’évanouir en un éclair.

Qu’elles soient bulles d’eau ou de savon, l’artiste avoue être fasciné par leur légèreté, leurs formes floues et changeantes, leur existence éphémère.
La bulle est donc le sujet principal de l’œuvre. Elle apparaît en gros plan sur fond monochrome en acrylique, sa mise en relief étant sublimée par un jeu subtil de transparence et de glacis grâce à la brillance du médium à l’huile.

Les couleurs vives et primaires viennent animer les formes naïves et abstraites des toiles, rappelant les œuvres de Miro et Kandinsky dont le style semble avoir fortement inspiré l’artiste. Les bulles, selon Elchamaa, sont semblables à la vie même et reflètent sentiments, croyances, idées et rêves soumis à une dynamique constante, à un jeu perpétuel d’attraction, de mouvance, de fusion et de disparition.

L’artiste nous plonge aussi dans un espace irréel, aquatique ou aérien, espace de vide et de silence rompu par des notes sonores qui se déclinent en nuances chromatiques, passant du bleu cobalt, ultramarine ou cyan au vert tendre, eau ou citron, en laissant éclater de gaieté les notes de jaune, de rose et d’orange…

À travers ce prisme coloré, apparaissent des têtes vides ou transparentes, montées sur des épaules solides, opposant ainsi la légèreté à la pesanteur, évoquant l’ancrage dans la réalité souvent tissée d’obligations et de contraintes.

L’artiste nous entraîne ainsi dans les méandres de l’inconscient, dans les profondeurs de l’être nourri de sensations, de rêves et de fantasmes, pour en saisir la fragilité, en capter l’illusoire et l’éphémère.

La lourdeur de la condition humaine est représentée par l’artiste par des traits noirs et épais, des ondulations horizontales habillant le buste pour rappeler la courbe des flots, le roulis des vagues, l’ancre solidement fixée au fond de l’océan.

Par contraste, la tête, comme une bulle frêle et légère, reste libre de flotter dans une sorte d’ivresse colorée, un scintillement de lumière.

Cette exposition est un clin d’œil au monde magique de l’enfance, espace de jeu et de fantaisie, où les rêves éclosent telles des bulles de savon, tournent, s’envolent et disparaissent, nous entraînant par leur grâce primesautière dans une ronde insouciante et joyeuse le temps d’un éblouissement.

Ce monde éthéré et vaporeux vous invite à une immersion tendre et lumineuse, à un voyage en apesanteur, et laissera en vous des traces de lumière.

Jocelyne Ghannagé
joganne.com

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