Tous les chemins mènent à Rome est un film réalisé par Lara Saba, écrit par Joséphine Habchi, avec un casting exceptionnel: Julia Kassar, Cynthya Karam, Betty Taoutel, Mirna Moukarzel, Ruba Zaarour et Chadi Haddad. Y participent également Refaat Torbey, Josyane Boulos, Nicolas Daniel, Hiam Abou Chedid, Charbel Ziadeh et Imad Feghali.

La première du film a eu lieu dans le cadre de la seconde édition du Red Sea International Film Festival. Cette comédie romantique, imprégnée de la spiritualité de la vallée sainte de la Qadisha et mettant en valeur la beauté de la nature libanaise, sortira en salle le 15 décembre.

La caméra suit les pas de Hadi, un acteur libanais de renom, sélectionné pour tenir le rôle du jeune pape dans un film international. Hadi se rend à Qannoubine pour s’éloigner de sa vie chaotique et tombe sur un groupe de religieuses qui l’invitent à une retraite dans leur couvent. Là, il rencontre une jeune femme.

Ici Beyrouth a rencontré l’équipe du film au Festival international du film de la mer Rouge.

Lara Saba, réalisatrice: 

"Tout a commencé par une idée de Chadi Haddad. J’avais une vision personnelle de l’histoire et une envie de traiter certains thèmes, comme le libéralisme qui étouffe progressivement la planète, car je ne veux pas laisser un monde pareil à mes enfants. C’est de là que découle la dimension écologique et sociale du film ainsi que la responsabilité dans l’art. On a également travaillé avec la scénariste Joséphine Habchi sur le problème des agriculteurs. Le comique permet de faire passer des messages en douceur. L’importance de la nature était primordiale. Pour moi, Qannoubine et les cèdres dégagent une énergie émotionnelle et spirituelle supérieure.

Lara Saba, réalisatrice

Le tournage s’est fait après le 4 août qui nous a tous affectés… Il baignait dans une ambiance de confiance et d’amour mutuel entre tous les acteurs et moi. Je suis particulièrement reconnaissante aux acteurs et à l’équipe pour leur volonté et leur amour."

Joséphine Habchi, scénariste

Joséphine Habchi, scénariste:
"J’avais renoncé à la possibilité d’étudier la réalisation en Australie… Pour mon père, je suis restée au Liban. J’ai fait des études de journalisme et de psychologie. J’ai aussi suivi des cours d’actorat avec Joseph Bou Nassar. Mais comme "tous les chemins mènent à Rome", on me contacte du périodique An-Nahar en 1993 et me confie la rubrique cinéma. Je le fis jusqu’en 2015, visionnant des films au quotidien, le long de mon parcours. Je rédigeais des scénarios tout en espérant pouvoir un jour les réaliser. Chadi Haddad, un grand ami de confiance, m’appelle un jour pour que je développe son idée de film. J’écrivis donc le film en 2017 en tant que comédie familiale, mais tout en gardant une touche profonde et de qualité. Je possède actuellement des scripts en devenir, que ce soit pour des films ou des séries. C’est très émouvant de voir un scénario que l’on a soi-même rédigé sur grand écran. C’est une expérience inoubliable et je compte persévérer dans ce domaine."

Chadi Haddad, acteur:

"Je joue un acteur qui a connu le succès et qui revient aux sources, à l’essence, à l’amour des choses simples, de l’enfance, au coup de foudre, loin d’un monde robotisé. Je garde une phrase de mon personnage: ‘Vous m’avez ramené à la simplicité de la vie.’ Le jeu d’acteur ne dépend pas de la relation entre les acteurs hors-écran, même si le fait de connaître la personne ajoute parfois une belle énergie. Je me donne personnellement à fond dans mon jeu et je crois au ping-pong entre les acteurs. L’essentiel est d’y croire. Si mon partenaire de jeu me rend la pareille, le résultat est encore meilleur. Il s’agit surtout de bien s’entraîner avant le tournage et de construire psychologiquement son caractère.

Le tournage a été un moment de pur plaisir. La base du film dépend du texte. Sinon, on va dans le superficiel. Les séries ont l’avantage d’une large diffusion. Quant à la magie du cinéma, c’est dans les films qu’elle existe."

Julia Kassar, actrice:

"Le jeu d’acteur est un travail quotidien. Je joue toujours comme si c’était la première fois, sans être jamais sûre de l’aboutissement. Je fais de mon mieux pour que ma performance soit la meilleure possible, mais je m’attends avec peur au résultat. Dans chaque rôle, il s’agit d’une nouvelle construction de personnage. Dans ce film, j’incarne le rôle de sœur Paola qui appartient à un couvent spécifique et entretient une relation particulière avec les autres sœurs… Comprendre autrui nécessite une interaction; on ne vit pas sur une île. À chaque fois, on devrait se dévêtir de son ancien vêtement et en revêtir un nouveau. Paola me ressemble dans le fait qu’elle comprend autrui et qu’elle résout les problèmes. Elle aime la simplicité, la terre, et elle a la foi… Ce sont des principes que je partage. Cependant, je ne suis pas religieuse!"

Betty Taoutel, actrice:

"Le théâtre est ma passion. Mes profs m’ont donné la chance d’être sur scène: Alain Plisson, Michel Jabre, Jalal Khoury et Roger Assaf. J’ai travaillé avec eux sur plus d’une pièce et j’ai été influencée par la méthode de mise en scène de Roger Assaf. Pour l’écriture, j’ai aussi été influencée par M. Jalal Khoury, mon prof d’écriture dramatique. Je lui dois beaucoup. À son départ, il m’a confié ses cours sur l’Histoire du théâtre… Roger Assaf de même, pour tout ce qui est direction d’acteurs, exercices de mise en scène. Je suis fière d’avoir été leur élève.

Quand on est acteur, on l’est à fond. J’étudie mon personnage et vois où je peux l’emmener sans empiéter sur le travail des autres. La différence entre théâtre et écran est une question de dosage. Au théâtre, le public est notre œil, alors qu’au cinéma, une fois qu’on tourne, c’est fait. Plus de retour en arrière. Tout doit être préparé avant le tournage sur le plateau. On a eu la chance d’avoir Joséphine avec nous dans la phase de préparation, avec un rôle écrit pour moi. Dans ce film, Dieu créateur est présent par les religieuses et la nature. Je garde de cette expérience un fond de retraite spirituelle dans la vallée sainte que ce tournage m’a permis de faire. Ce rôle m’a réconciliée avec mon pays après le 4 août… et avec Dieu."

Myrna Moukarzel, actrice:

"Je lis le scénario, discute du personnage avec la réalisatrice et la scénariste puis je le construis de matière brute et je refonds le scénario en l’adaptant au service du personnage. Ensuite, il y a un changement sur le plateau qui s’opère en fonction de l’interaction avec les autres.

Mes meilleurs souvenirs restent ce séjour à l’hôtel; un moment de partage avec mes enfants. Je garde aussi les fous rires et les moments où l’on enfilait nos habits de religieuses.

Quant au théâtre, il me manque beaucoup. C’est une matière que j’enseigne. Je refais mon recyclage avec mes élèves, mais j’attends que mes enfants grandissent afin de retourner sur scène."

Cynthya Karam, actrice:

"Jouer un personnage c’est incarner cette personne. Chaque expérience est précieuse, parcce qu’elle m’apporte mille émotions. Un énorme amour émanait de cette expérience, ainsi que la communication présente chez Lara qui est contagieuse. On était prêt à tout pour elle; s’effacer s’il le faut, jouer quand il le faut. Quand on ressent l’amour, on ne peut que le donner. J’aime mes personnages… et je travaille! Je vais à fond là où le personnage me parle le plus. J’ai retenu une phrase essentielle de Gabriel Yammine en cours: ‘Sortez dans la rue. Regardez les gens.’ L’observation fait de moi ce que je suis. Mon regard est imprégné d’amour et de sensibilité, sans jugement. Je regarde avec le cœur pour demeurer fidèle à mon observation et transmettre les pensées de mon personnage. Certes, le vécu ajoute au jeu… et je suis une personne qui vit intensément, tout.

Par-delà la poudre aux yeux et le nombre de followers, il s’agit de garder la profondeur et de ne pas effacer la vérité et l’essence des choses."

Ruba Zaarour, actrice:

" Malgré sa simplicité, le film transmet un message et montre l’importance de la nature dans nos vies, ainsi que celui du retour à une vie simple. Le tournage a eu lieu en pleine pandémie de Covid-19. Nous étions confinés et avons dû ralentir notre rythme et nous recentrer. Chacun a découvert, à sa façon, que la vie n’est pas liée à la célébrité et au matériel, et que la nature nous montre la simplicité de la vie. Le film se déroule dans un cadre comique, mais porteur de significations profondes et empreint de romantisme. Il s’agit surtout d’une quête de soi, d’une communication intellectuelle."

Marie-Christine Tayah
Instagram: @mariechristine.tayah