En collaboration avec le ministère de la Culture et sous la curation de Muriel Asmar, lexposition en solo de la sculptrice Carole Ingea, Libre Équilibre, se déroule dans le prestigieux bâtiment de la Bibliothèque nationale du Liban jusqu’à la fin du mois de mars 2023.

Libre Équilibre est le titre de la première exposition solo de Carole Ingea qui propose une belle série de sculptures en résine et en bronze, et dautres en treillis métalliques. Un double sentiment de liberté se manifeste dans cette exposition et lon se sent comme en suspens par rapport aux circonstances actuelles. "Ô temps! suspends ton vol"… Le vers de Lamartine nous vient à lesprit devant ces sculptures en mouvement, dans le cadre hors du temps de la Bibliothèque nationale.

Carole Ingea revendique sa liberté comme femme et comme artiste, et ce, à travers ses sculptures, certaines mobiles et dautres aux allures aériennes. Elles sont certes en équilibre, on sent qu’elles ne tiennent qu’à un fil. Cest aussi le mot "libre" que lon trouve dans "équilibre", qui inspire cette fragilité de l’être et la rêverie de lartiste.

Une des sculptures représente un homme soutenant une femme. Celle-ci lui assure son équilibre par sa posture. On y lit la liberté et le détachement, en plus de lamour et du soutien qui portent le couple. Cest précisément à partir de cette idée que lartiste suggère le thème de son œuvre.

Lart de Carole Ingea est figuratif, elle "met en formes" ce que la vie lui insuffle. On pourrait voir une certaine insouciance dans ses sculptures en résine et en bois qui mettent en valeur des silhouettes qui avancent au gré de leurs passions. Une femme en équilibre sur un cerceau se balance, sereine et libre, regardant le monde à l’envers. Une autre nous rappelle Marylin au-dessus de la grille d’aération du métro. Une troisième court avec ses sacs de shopping, accrochée à l’instant où l’artiste lui a donné vie. On a le souffle coupé devant tel personnage en vol plané ou tel autre qui skie tout schuss, on accompagne l’homme qui court avec son chien et l’on imagine les histoires de chacun.

En effet, chaque sculpture est la capture d’un corps qui se meut dans le temps. C’est un arrêt sur image que l’artiste offre à l’observateur. On souhaiterait savoir d’où vient le personnage sculpté, où il va, qui il est. On aimerait connaître le début de l’histoire, son déroulement et sa conclusion.

Les treillis métalliques, quant à eux, reflètent la condition humaine. Carole Ingea aborde à travers ces sculptures la situation des femmes dans la société. Sujet qui lui tient particulièrement à cœur et qu’elle élabore à travers le métal qu’elle assouplit et qu’elle tend pour créer des silhouettes de femmes en suspens. Plusieurs sculptures en résine ou en bronze sont placées dans des écrins en verre, alors que d’autres sont laissées libres de leurs mouvements, dans cette ambiance de culture et d’histoire.

L’exposition de Carole Ingea est une invitation à la rêverie dans un espace que l’on prend plaisir à revoir. Plaisir aussi de monter les marches en marbre usées par le temps pour découvrir ces sculptures, véritable souffle d’art et de beauté que l’on a envie de revivre au cœur de Beyrouth.

Zeina Nader

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