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Il n’est pas toujours facile de trouver l’inspiration. On a parfois l’impression de tourner en rond, de faire du surplace, comme dans les méandres d’un labyrinthe interminable. On croit avancer tout droit, pour se retrouver à la case départ. On rame jusqu’à ce que nos bras, endoloris par l’effort, abdiquent. Jusqu’à ce qu’on heurte le mur, tel dans le film The Truman Show incarné par Jim Carrey.

Dans ce film, Truman pense que son petit monde est la totalité du monde. Seulement il réalise que ce n’est qu’une réalité illusoire, un studio de production télévisée, rempli d’acteurs artificiels, et que lui, jouant le rôle principal à son insu, n’est qu’une marionnette manipulée par le metteur en scène. Il prend son courage à deux mains et décide de prendre le large. Lui, qui a une peur bleue de l’eau depuis que son "pseudo-père" est mort noyé, se résout à affronter sa phobie pour s’aventurer dans une mer agitée, au sein d’une barque ballottée par des vagues enragées. En plein océan, bravant une météo déchaînée, il se heurte soudain à un mur: celui du studio, peint aux couleurs du ciel et de la mer, parsemé de nuages cotonneux.

Oui, c’est de ce mur-là dont je parle. Il se dresse au milieu de notre périple, sans crier gare. Il nous prend au dépourvu alors qu’il fait un certain temps qu’on rame, qu’on essaie de garder la tête au-dessus de l’eau, qu’on essaie d’avancer bon gré mal gré, contre vents et marées, pour surmonter l’insurmontable. C’est un mur impitoyable, qui fait fi de nos efforts, de notre courage, de notre détermination. Il se tient là, dans notre face, indifférent, insolent, imbu d’arrogance. Et on s’y cogne. Parfois de pleine force, parfois en l’effleurant. Percuter un mur, quelle expression fataliste! Et nous voilà dépeints en victimes s’apitoyant sur leur sort, telles des épaves échouées au large de l’inconnu, charriées par les flots, incapables de voir d’autres horizons. Mais j’ai lu que parfois les murs existent pour qu’on puisse s’y appuyer et se reposer. S’est alors esquissée dans mon esprit l’image du guerrier qui s’adosse contre une muraille pour reprendre son souffle avant de se relever et de foncer, les yeux brillants et le cœur en flamme, vers la grande bataille. Un vrai changement de perspective…

Truman, quant à lui, découvre une volée d’escaliers contre le mur, en haut desquels se trouve une porte. C’est pour lui la porte qui mène au-delà de l’illusion de sa vie pour découvrir sa vraie identité et vivre sa vérité librement, authentique à lui-même, loin du monde opportuniste et factice qui l’entoure. Il franchit cette porte au bout d’un voyage jalonné de défis et de pièges.

Non, il n’est pas facile de trouver sa muse dans ce monde où les murs que l’on croit heurter pullulent dans chaque recoin, dans chaque cœur qui y bat. Les exemples sont multiples. À chacun son lot de murs dans la vie quotidienne. Je pense que rares en sont hélas épargnés. Mais les volées d’escaliers qui mènent à des portes cachées existent aussi. Il suffit de les deviner dans la peinture trompe-l’œil des toiles de fond. Ou de les créer.

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