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Sur les planches du festival Off d’Avignon, Marie-Christine Barrault revêt le rôle de la comédienne Maïa Simon dans Voyage à Zurich; un spectacle de Franck Berthier au théâtre Présence Pasteur d’Avignon.

Inspiré d’une histoire vraie, Voyage à Zurich est un hommage à l’actrice Maïa Simon, qui voulut rester debout jusqu’à la fin. Marie-Christine Barrault avec sa force de vie, éclaire ce road movie avec ferveur et fantaisie. Cette échappée joyeuse, à mille lieues de l’élégie funèbre, est un hymne à l’amitié et à la renaissance de soi-même. Sans mièvrerie, perdu dans les temps, le chœur des veilleurs sourit à la gloire du présent. Lorsque les rideaux de tulle blanc s’ouvrent sur le spectacle, un long travelling est engagé et, sur le fond de scène transformé en écran, le lointain d’un long couloir vient à nous: un théâtre immersif et nouveau.

Les derniers jours de la comédienne Maïa Simon, qui eut recours au " suicide médicalement assisté ", sont contés sur les planches du Festival d’Avignon, dans un spectacle qui ne se veut pas militant et insiste sur la liberté de choix de chacun, selon son metteur en scène.

Dans Le Voyage à Zurich, Franck Berthier, dépeint les trois derniers jours, en septembre 2007, de Maïa Simon. Souffrant d’un cancer, la comédienne – qui avait joué dans des téléfilms (Thierry la Fronde) et le film Nous irons tous au paradis – avait dit, à 67 ans, vouloir " abréger ses souffrances ", dénonçant " l’hypocrisie " en France concernant l’euthanasie. Franck Berthier, un de ses amis, faisait partie des quelques proches l’ayant accompagnée. " Elle m’a demandé de conduire la voiture. Symboliquement, c’était assez incroyable! ", raconte-t-il à l’AFP. Dans ses dernières volontés, " Maïa m’avait demandé de faire quelque chose " de ce voyage, ajoute-t-il. Quinze années et une rencontre avec l’actrice Marie-Christine-Barrault plus tard, le Voyage à Zurich, créé à Annecy, est sur les planches.

Ainsi, au théâtre Présence Pasteur d’Avignon, dans le volet off du festival, Marie-Christine Barrault interprète Maïa, depuis le départ jusqu’à l’absorption de la potion létale, en passant par le trajet en voiture, le dernier restaurant, l’hôtel, etc. La scène est délimitée par des cloisons de voile blanc transparent, créant une sorte de boite magique onirique. Du texte de l’auteur, Jean-Benoît Patricot, ressortent des moments de partage, d’humour, de tristesse et de colère. C’est un " choix abject ", une " mort au forceps ", lance notamment le fils (personnage inventé) à sa mère. Je demande " un acte d’amour ", " une délivrance thérapeutique ", répond la comédienne, qui revendique de pouvoir choisir " l’heure de tirer sa révérence " et de mourir " les yeux ouverts ".

" Je ne veux pas militer à travers ce spectacle ", souligne Franck Berthier. " Je ne suis pas obligatoirement d’accord avec l’histoire de Zurich. Je voulais juste témoigner, pour que l’on puisse être libre de choisir. " Selon lui, le spectacle est un hommage à Maïa et " parle de la vie avant toute chose ". " Cela interroge ce que l’on fait de notre propre vie ".

Marie-Christine Barrault n’a pas hésité à accepter le rôle. " Je suis très intéressée par la mort, quelle que soit l’approche. À l’âge que j’ai (79 ans), c’est une question qui, non pas me taraude, mais m’accompagne tranquillement ", confie-t-elle. " Je n’ai plus du tout envie de badiner au théâtre, de jouer des petits sujets. Maintenant, je ne voudrais que des grands sujets. Il se trouve que celui-là en est un. "