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L’artiste Amal Geara Kamar expose ses tableaux et ses sculptures à Rebirth Beirut, à la rue Gouraud à Gemmayzé, du 18 au 24 juillet 2023.

L’exposition intitulée Bird’s Nest ("Nid d’oiseaux") dévoile l’univers très particulier d’Amal Geara Kamar, inspiré de son long séjour dans le sud de la France, aux Antibes, face à la mer. Elle révèle l’engouement de cette peintre et sculptrice pour toute expression de vie et de mouvement.

Amal Geara Kamar utilise un langage propre qui s’inscrit en peinture à l’huile, se dessine à l’encre de Chine et s’impose par sa gestuelle rythmée et son foisonnement de boucles ou spirales qui animent la toile et entraînent le spectateur dans une sorte de vertige coloré. Une écriture originale qui se décline en arabesques qui s’enroulent et se déroulent pour créer une dynamique circulaire dans laquelle viennent s’inscrire des scènes à peine suggérées de corridas, scènes de chasse, vol d’oiseaux migratoires ou orchestre de musiciens.

Les gestes fugitifs sont saisis dans leur élan tout comme ces notes stridentes ou lyriques prises dans leur envol. L’artiste traduit alors l’instantanéité du mouvement qui s’évanouit dans un mirage, laissant sur son sillage un parfum évanescent, une réminiscence de souvenirs.

Kamar tente ainsi de retenir les instants fugaces pour en capter la quintessence: l’attitude noble et fière du matador, la puissance du taureau, la légèreté des oiseaux, la finesse de leurs plumes, la pureté de la musique, la force du vent qui soulève la poussière dans la bataille et celle des vagues qui déchaîne la tempête. Un tourbillon semble traverser la toile pour emporter, dans sa danse effrénée, l’eau, la terre, l’air et le feu. Tous ces éléments premiers se déchaînent alors et s’entremêlent pour participer à cette joyeuse turbulence.

Les vagues impétueuses empruntent au taureau sa puissance virile, le matador affiche avec fierté et panache l’élégance de ses parades, les vols d’oiseaux, les scènes de bataille, de chasse ou de concerts irradient toutes d’une énergie festive et bienfaisante, celle de la nature dans toutes ses manifestations animales ou humaines.

Deux scènes de corrida retiennent particulièrement l’attention: celle de l’affrontement primitif entre l’homme et la bête dans un corps à corps où l’impétuosité se dispute à l’élégance et où l’instinct primaire se mêle à la précision du geste. Un combat charnel tout feu tout flamme, un ballet mortel en rouge et noir où les protagonistes, l’homme et la bête se partagent sur l’arène intrépidité et adresse. Un jeu étourdissant de coups de cornes et de volte-face qui s’entrelacent dans une sorte de numéro de haut voltige jusqu’à l’issue fatale.

L’artiste nous entraîne ainsi, tout au long de l’exposition, dans une valse trépidante pour un moment de pur bonheur… à vivre et revivre jusqu’au 24 juillet.

Jocelyne Ghannagé
www.joganne.com
@jogannepaintings