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Micheline Presle, décédée à l’âge de 101 ans, laisse derrière elle un héritage inestimable qui a marqué profondément le cinéma français et international. Sa carrière, s’étendant sur plus de sept décennies, symbolise l’évolution du 7e art, depuis l’avant-guerre jusqu’à l’après-Nouvelle Vague, en passant par l’âge d’or d’Hollywood. Presle était non seulement une figure emblématique du chic parisien, mais aussi une source d’inspiration pour les cinéastes de toutes générations, grâce à son talent inégalé et à son enthousiasme indéfectible pour son métier.

Née en 1922, Micheline Presle a débuté sa carrière cinématographique à l’âge tendre de 17 ans, sous l’œil attentif du cinéaste allemand, George Pabst, qui lui a offert un rôle dans Jeunes filles en détresse. C’est dans ce film qu’elle adopta le nom de Presle, qui allait devenir légendaire. Sa percée survint rapidement avec Paradis perdu d’Abel Gance, marquant le début d’une ascension fulgurante. Pendant l’Occupation, elle devint une vedette incontestée dans la zone libre, brillant dans des films comme Félicie Nanteuil aux côtés de Louis Jourdan.

Après la guerre, sa carrière prit une dimension internationale avec des rôles dans Falbalas de Jacques Becker, Boule de suif de Christian-Jaque et surtout Le Diable au corps de Claude Autant-Lara, où elle joua aux côtés de Gérard Philipe. Cette période fut aussi le début de son aventure hollywoodienne, encouragée par l’acteur et réalisateur Bill Marshall. Cependant, malgré le contrat prometteur, Hollywood ne sut pas exploiter son talent, la confinant dans des rôles qui ne lui rendaient pas justice, y compris le film de Fritz Lang, Guérilla aux Philippines.

De retour en France, Micheline Presle retrouva des rôles à la mesure de son talent, notamment dans L’Amour d’une femme de Jean Grémillon. Elle continua à travailler sans relâche, alternant entre cinéma et télévision, où elle rencontra un succès retentissant avec Les Saintes Chéries. Cette série, qui explorait avec humour et légèreté les petits travers de la vie conjugale, captiva le public et reçut même les éloges de François Truffaut.

Bien que la Nouvelle Vague semblât l’ignorer à ses débuts, elle finit par collaborer avec des figures emblématiques de ce mouvement, comme Jacques Rivette pour La Religieuse et Jacques Demy pour Peau d’âne. Son engagement dans le monde du spectacle ne s’arrêta pas au cinéma; elle rejoignit également le Grand Magic Circus de Jérôme Savary, apportant sa magie au théâtre.

La relation professionnelle la plus touchante de Micheline Presle fut sans doute celle partagée avec sa fille, Tonie Marshall, également réalisatrice. Leur collaboration sur Vénus Beauté (institut) en 1999 fut couronnée de succès, Tonie remportant le César de la meilleure réalisatrice et rendant un hommage émouvant à sa mère lors de la cérémonie.

Micheline Presle, jusqu’à ses derniers jours, refusa de se laisser emporter par la nostalgie, vivant pleinement le présent et restant ouverte aux nouvelles expériences. Son parcours exceptionnel de plus de 150 films est un témoignage de sa passion indéfectible pour le cinéma, une passion qui l’a guidée tout au long de sa vie.

Avec AFP