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L’ambassade d’Arménie au Liban, en partenariat avec UGAB Liban, organise une projection exceptionnelle du film Le Regard de Charles le 3 avril. Ce documentaire intimiste, réalisé à partir des archives personnelles d’Aznavour, promet une plongée fascinante dans l’univers de l’homme derrière la légende.

Mireille Khanamirian, chargée de mission auprès de l’ambassade d’Arménie à la Francophonie et membre active de l’UGAB-Liban, a eu le privilège de collaborer étroitement avec Charles Aznavour durant les six dernières années de sa vie. Véritable trait d’union entre l’artiste et la presse télévisée arabe, elle s’est investie corps et âme dans la promotion de son œuvre dans la région, orchestrant interviews et documentaires sur des chaînes télé prestigieuses.

Un héritage qui dépasse la musique

L’héritage d’Aznavour ne se limite pas à sa musique. Tout au long de sa vie, l’artiste a immortalisé ses proches, ses tournées et les coulisses de ses spectacles grâce à une caméra offerte par Édith Piaf en 1948. À sa mort, ce sont pas moins de 70.000 clichés et de nombreuses bobines de films qui ont été découverts, témoignages précieux d’une vie riche en rencontres et en émotions. C’est à partir de ces archives inestimables que le réalisateur Marc di Domenico, à la demande d’Aznavour lui-même, a entrepris de réaliser un documentaire intimiste. Repris par Mischa Aznavour, fils aîné de l’artiste, Le Regard de Charles retrace avec émotion et justesse le parcours de cette légende, de son enfance modeste à l’apogée de sa gloire. Une plongée fascinante dans l’univers de l’homme derrière l’icône.

Mais l’œuvre d’Aznavour ne saurait perdurer sans l’action de la fondation qui porte son nom. Créée en 2016 par l’artiste et son fils Nicolas, la Fondation Aznavour, basée à Erevan en Arménie, se consacre à la mémoire du chanteur et à des missions humanitaires. Son projet phare, le Centre Aznavour, est un lieu unique qui abritera un musée interactif dédié à la vie et à la carrière de l’artiste, mais aussi une plateforme culturelle et éducative dédiée au cinéma, à la musique et à la langue française. Fruit d’un partenariat avec le gouvernement français, le centre accueillera l’Institut français d’Arménie, faisant de ce complexe une véritable vitrine de la culture française. Les visiteurs pourront y découvrir le parcours d’Aznavour, à travers des technologies immersives et l’audioguide enregistré par l’artiste lui-même.

Par ailleurs, la fondation ne se contente pas de préserver la mémoire d’Aznavour. Elle mène aussi des actions solidaires, comme le soutien aux familles déplacées après le séisme de 1988 à Gyumri, ou l’attribution de bourses d’études en partenariat avec le Collège d’État de la Culture. Un engagement dans la droite ligne de celui d’Aznavour, qui n’a cessé d’œuvrer pour son pays d’origine.

"Aznavour Bil 3arabi": un pont entre les cultures

C’est dans cette même volonté de partage et d’ouverture que s’inscrit le projet "Aznavour Bil 3arabi" (Aznavour en arabe), né d’une discussion entre Charles Aznavour et Mireille Khanamirian lors d’un dîner à Dubaï en 2016. Surpris et ravis de voir des Émiratis assister jusqu’au bout à son concert, ils ont évoqué l’idée de traduire et d’adapter les chansons d’Aznavour en arabe, pour toucher un public arabophone et transmettre la philosophie de l’artiste. Un rêve qu’Aznavour caressait depuis des années, mais qu’il n’avait pu concrétiser faute de contacts. C’est alors que Mireille Khanamirian s’est proposée pour développer le projet, en recherchant des personnes compétentes pour la traduction, l’arrangement et l’interprétation des chansons.

L’objectif était multiple: permettre à un public arabophone de découvrir l’univers et les idées de Charles Aznavour sur des thèmes universels comme la vie, l’amour, la guerre ou le temps qui passe ; donner une couleur orientale aux mélodies ; et donner à de jeunes artistes arabes l’occasion de se produire aux côtés d’Aznavour et de lancer leur carrière. De 2016 à 2018, Mireille Khanamirian s’est activement investie dans la recherche d’artistes pour porter ce projet ambitieux. Elle a reçu deux enregistrements de Ma jeunesse et Toi et Moi traduits en arabe et interprétés par deux grands noms de la chanson, dont elle tait l’identité. Charles Aznavour avait également écouté la version orientale de Comme ils disent par Yvonne el-Hashem, confirmant ainsi sa volonté de s’impliquer dans "Aznavour Bil 3arabi".

Malgré le décès d’Aznavour en octobre 2018, le projet n’a pas été abandonné. Yvonne el-Hashem a mis Mireille Khanamirian en contact avec Fadi et Pierre Abi-Saad du 8eArt (ALEPH), qui ont accepté toutes les conditions artistiques: participation de jeunes chanteurs, arrangements orientalisés, tournées dans le monde arabe avec des artistes locaux, etc. Un protocole d’accord a été signé entre la Fondation Aznavour et 8eArt pour concrétiser ce projet.

"Aznavour Bil 3arabi" illustre à merveille la volonté de Charles Aznavour de créer des ponts entre les cultures, en partageant son répertoire et sa vision du monde avec un public nouveau. C’est aussi un magnifique hommage à son ouverture d’esprit et à son goût du partage, qui se perpétuent au-delà de sa disparition grâce à l’engagement de passionnés comme Mireille Khanamirian et au soutien indéfectible de sa fondation.

 

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