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Anouk Aimée, actrice iconique et véritable incarnation de la grâce à la française, s’est éteinte ce mardi 18 juin 2024 à l’âge de 92 ans. C’est sa fille, Manuela Papatakis, qui a annoncé la triste nouvelle sur Instagram, précisant qu’elle était à ses côtés lors de ses derniers instants.

Née Françoise Dreyfus le 27 avril 1932 à Paris, Anouk Aimée était prédestinée à une carrière sous les feux des projecteurs. Fille d’une actrice et d’un poète, elle a grandi dans un univers artistique qui a nourri sa passion pour la comédie. Dès l’âge de 14 ans, elle fait ses premiers pas devant la caméra dans La Maison sous la mer d’Henri Calef en 1947, adoptant le prénom de son personnage, Anouk, auquel le poète Jacques Prévert lui suggère d’ajouter le nom Aimée. Un nom prédestiné pour celle qui allait être aimée et admirée par des millions de spectateurs à travers le monde.

Après des études secondaires en Angleterre et une formation en art dramatique et en danse à Paris, la carrière d’Anouk Aimée prend son envol grâce à des rôles marquants dans Les Amants de Vérone d’André Cayatte en 1948 et surtout La Dolce Vita de Federico Fellini en 1960. Ce film la propulse au rang de star internationale, sa grâce et sa beauté énigmatique captivant les foules.

C’est en 1966 qu’Anouk Aimée entre définitivement dans la légende du septième art avec son interprétation magistrale dans Un homme et une femme de Claude Lelouch, aux côtés de Jean-Louis Trintignant. Sa prestation lui vaut un Golden Globe de la meilleure actrice dramatique et une nomination aux Oscars. Le film, tourné sur les plages de Deauville, devient un classique intemporel avec sa musique entêtante signée Francis Lai, indissociable de l’image de l’actrice.

Tout au long de sa carrière exceptionnelle qui s’étend sur plus de 70 ans, Anouk Aimée a exploré une multitude de registres avec brio, tournant dans près de 80 films sous la direction des plus grands cinéastes. De Jacques Demy (Lola en 1961) à Federico Fellini (Huit et demi en 1963), en passant par George Cukor, Robert Altman et Bernardo Bertolucci, tous ont été subjugués par son talent et sa présence magnétique à l’écran. En 1980, elle reçoit le Prix d’interprétation à Cannes pour Le Saut dans le vide de Marco Bellocchio, avant d’être honorée d’un César d’honneur en 2002 pour l’ensemble de sa carrière.

Véritable icône de mode, Anouk Aimée incarnait l’élégance et la féminité à la française. Son charme mystérieux et son aura envoûtante ont fait d’elle une muse inspirante pour de nombreux artistes. Sa beauté intemporelle et son style épuré, souvent rehaussé d’un accessoire signature comme un foulard ou une paire de lunettes, ont influencé des générations de femmes à travers le monde.

Dans sa vie privée, l’actrice a connu plusieurs histoires d’amour. Elle a été mariée quatre fois, notamment avec le cinéaste Nico Papatakis, avec qui elle a eu une fille, Manuela, l’auteur-compositeur-interprète Pierre Barouh, et l’acteur britannique Albert Finney, de 1970 à 1978. Des unions qui témoignent de sa passion pour la vie et de son amour pour les arts.

Mère de deux filles, Anouk Aimée était aussi une femme engagée, militant pour la protection de la nature et des animaux. Discrète et peu encline aux scandales, elle a su préserver une part de mystère qui n’a fait qu’ajouter à sa légende.

Claude Lelouch, qui l’a dirigée dans certains de ses films les plus mémorables, lui a rendu un hommage émouvant, résumant avec justesse leur relation artistique et amicale : "Anouk, ma Nounouk, nous a quittés… Elle a été ma compagne de route, mon amie de toujours. Elle m’a donné toutes mes chances et m’a dit oui quand, jeune cinéaste, les autres m’ont dit non… Sa silhouette et sa grâce resteront à jamais gravées sur une plage de Normandie".

Cette plage de Deauville où résonnera toujours le doux air d’Un homme et une femme, témoin de l’amour indéfectible que le public portera pour toujours à cette actrice d’exception. Et comment ne pas se souvenir de cette réplique mythique prononcée par Anouk Aimée dans le film : "Il y a des gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Et d’autres qui n’auraient jamais dû se quitter." Une phrase qui prend aujourd’hui une résonance particulière, comme si elle était destinée à sceller le lien éternel entre l’actrice et son public.

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