Hiba Tawaji, vous êtes couverte de gloire, d’amour, de sous. Vous avez l’occasion de vous produire – ainsi que votre époux Ibrahim Maalouf –  dans toutes les salles de concert du monde entier. Oussama Rahbani n’a, lui non plus, rien à prouver. Pourquoi défier ainsi le peuple libanais en annonçant un prochain concert en mars 2022 à l’Opéra de Damas, plus précisément dans ce lieu appelé "Dar al-Assad pour la culture et les arts"? Cela est irrecevable.

Cela fait quinze ans que vous n’avez pas foulé la scène artistique syrienne? Oh quel crève-cœur! Vous attendez mars avec impatience pour retrouver vos fans – ceux-là dont le dirigeant est le tortionnaire de Beyrouth? Puisque vous y tenez tant, nous vous invitons à rester sur place, dans ce milieu qui semble taillé sur mesure pour vous; vous qui avez pleuré et chanté pour la Beyrouth atomisée du 4 août, de concert avec votre époux, Ibrahim Maalouf, lequel se fend d’un commentaire sur Twitter applaudissant cette "consécration"!

Je ne sais pas pourquoi je suis davantage choquée par votre hors-piste que par celui d’Oussama Rahbani dont les couleurs politiques ont le mérite d’être peut-être tranchées ? Ou pas? Mais vous ? Vous la douce et tendre ? Celle qui avait fait tourner les moulins de notre cœur pour finir par nous donner un haut-le-cœur ? Pourquoi rajouter encore une plaie au malheur libanais ? Ne pensez-vous pas que nous souffrons assez ? Comment cautionnez-vous un pouvoir responsable de la débâcle de notre pays (et du vôtre, je le rappelle en passant). Syndrome de Stockholm ? Quelle gloire tirez-vous de cela ? De chanter, comme les collabos, pour les tyrans ? Quelle est la couleur du sang qui coule dans vos veines ?  Je doute qu’il soit de la même couleur que celui qui a été versé par les Libanais sous occupation syrienne et par les Syriens sous occupation syrienne. Votre sang doit être couleur-caméléon.

Je suppose qu’en réponse à votre indigne légèreté, qu’aucune salle et qu’aucun festival au Liban ne vous rouvriront leurs portes. J’imagine que vous avez dû vous assurer en amont, Oussama Rahbani et vous-même, que 2022 sera maigre en termes d’événements musicaux au Liban, n’était-ce l’exception du Festival al-Bustan qui a voulu reconnecter les Libanais avec le monde extérieur et offrir une bouffée d’oxygène à un peuple en apnée.

Allez chanter à Damas. Allez danser à Damas. Allez à la rencontre d’ovations que le public de "The Voice" ne vous a pas accordées. Et quelque part, en y repensant, ce fut une claque bien méritée ! Bis repetita…