Sa devise? " Je ne vois pas l’intérêt de vivre si on ne rit pas ". Mimiques désopilantes, voix perchée, Valérie Lemercier, César de la meilleure actrice pour " Aline ", a placé la drôlerie au coeur de sa panoplie d’artiste multicartes.

Même dans le vrai-faux " biopic " sur Céline Dion, elle parvient à déclencher les rires. Mais jamais aux dépens de la star de la chanson, qu’elle adule.

" J’avais (…) un grand modèle, à qui je dis ce soir encore tout mon amour et mon admiration, Céline bien sûr! ", a-t-elle déclaré vendredi en recevant son prix sur la scène de l’Olympia.

Depuis déjà plus de 30 ans, cette touche-à-tout joue, imite, chante, écrit, met en scène, réalise ou encore dessine et danse.

Actuellement de retour sur les planches avec la pièce inédite " Les Soeurs Bienaimé ", cette grande brune élancée -1m77, une " Groucho Marx avec des jambes de pub Dim ", comme l’a décrite Vanity Fair- a aussi été mannequin, en défilant pour Jean-Paul Gaultier.

– " Lady Palace " –

Tout commence vraiment pour elle avec Lady Palace, la nunuche guindée des jeunes années de Canal+ qui donne des conseils de savoir-vivre à la Nadine de Rothschild.

Elle confirme avec Béatrice de Montmirail dans " Les Visiteurs ", dont les répliques cultes -" Mais, M. Ouille, pas avec votre

poncho! "- lui valent, en 1994, son premier César (second rôle).

Elle reste aussi associée à la princesse Armelle de " Palais Royal! " – large succès critique et commercial et clin d’oeil, déjà, à une autre icône internationale, Lady Di – et aux personnages tordants – la bourgeoise déjantée, l’ado plus vraie que nature… – de ses one-woman-shows, couronnés de trois Molières.

Avec toujours cet humour décalé et un goût féroce de la provocation, quitte parfois à forcer un peu le trait dans le côté trash ou pipi-caca.

Née le 9 mars 1964 à Dieppe (Seine-Maritime), Valérie Lemercier grandit dans la campagne normande. Parents agriculteurs aisés et trois soeurs, " son socle ". Dans la famille, chacun chante et joue d’un instrument. Surtout, on rigole beaucoup. Et Valérie, très vite, amuse tout le monde.

Inscrite à 15 ans au Conservatoire de Rouen, elle se voit confier des rôles dramatiques où, même là, elle fait rire.

Arrivée à Paris, elle fait de la figuration et est repérée dans la série " Palace ". Elle enchaîne assez vite les comédies à succès: " L’Opération Corned Beef ", " Les Visiteurs ", " La Cité de la peur " avec les Nuls, " Casque bleu "…

En 1997, elle passe derrière la caméra avec une adaptation de " Quadrille " de Sacha Guitry. C’est le premier des six films qu’elle a réalisés à ce jour. Tous de jolis succès à part le gros revers de " 100% Cachemire " (2013).

– " Le rire, ça répare, c’est physique " –

Cette habituée des César – elle est à plusieurs reprises la maîtresse de cérémonie – décroche une autre statuette de la meilleure actrice dans un second rôle en 2007 avec " Fauteuils d’orchestre ", de Danièle Thompson.

Traqueuse, bûcheuse, elle a horreur de l’improvisation et travaille tout dans le moindre détail, à commencer par la voix, qui la guide pour ses personnages.

Elle adore croquer la bourgeoisie. " Neuilly sa mère! ", " Marie-Francine "… " Les bourgeois, c’est sans fin, on croit qu’il n’y en a plus et il y en a encore ", s’amuse-t-elle.

Dans sa carrière, elle n’a fait que de rares incursions dans les rôles dramatiques, comme dans " Main dans la main " (2012) de Valérie Donzelli.

Au risque de s’être finalement enfermée dans sa zone de confort? " Ca doit la gaver de s’entendre dire qu’elle pourrait être Jacqueline Maillan alors que, quelque part en elle, elle voudrait être une Michèle Morgan ", avance le musicien Bertrand Burgalat, qui a partagé sa vie pendant quatre ans.

Elle, au contraire, assume totalement son registre. " Le drame, ça m’ennuie, ça me gêne… ". Alors que " le rire, ça répare, c’est libérateur, c’est physique, c’est proche du sexe ", déclarait-elle au Monde en 2002.

© AFP

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