Pour le huitième concert de la 28e saison du Festival al-Bustan, le pianiste russe de renom international Boris Berezovsky a convié l’auditoire dans un univers sonore de contrastes, paré de sonorités veloutées, où règne un goût sans défaillance joint à un toucher éloquent. Très attentif à la cohérence du discours pianistique, le virtuose russe a merveilleusement égrené les différents chefs-d’œuvre de la soirée, dans un jeu aiguisé, sublimé par toutes les teintes et accentué par une fluidité lyrique atteignant son paroxysme, même dans les frasques les plus athlétiques. De la sonate no.1 en fa mineur de Ludwig van Beethoven, à la Rhapsody in blue de Georges Gershwin, tout en passant par la sonate no.2 en la majeur du génie de Bonn et la sonate no.7 en fa dièse majeur d’Alexandre Scriabine, Boris Berezovsky a magnifié les harmonies en insufflant à chaque pièce ses couleurs les plus chantantes, et en oscillant somptueusement entre les bourrasques de notes incandescentes allemandes, la puissance évocatrice russe, et l’exotisme créole américain. On ne manquera pas de mettre en exergue la virtuosité de la jeune disciple du pianiste russe, Karina Ter-Gazarian, qui est parvenue à émerveiller un public avide, en s’adonnant au charme des mélodies chantantes des Réminiscences de Norma, S.394 (d’après l’opéra de Vincenzo Bellini) de Franz Liszt. C’est finalement avec les mélodies, en bis, du compositeur norvégien Edvard Grieg que le concert se termina sur une note pleine d’espoir, contrecarrant magnifiquement le climat politique morose.