Pour sa deuxième édition, la villa Al-Qamar a lancé un appel à candidatures, en octobre 2021, pour son programme de résidences de recherche et création à destination d’artistes français en solo, ou en duo avec des artistes libanais, pour l’année 2022.

Depuis 2021, l’Institut français du Liban a lancé la villa Al-Qamar, programme de résidences artistiques ancrées dans le territoire, basé à l’Institut français de Deir el-Qamar, dans le but de renforcer le dialogue interculturel entre la France et le Liban. Soutenue par l’Institut français de Paris, la villa Al-Qamar est située au sein de l’antenne de l’Institut français du Liban à Deir el-Qamar, dans les murs d’un ancien caravansérail et de l’ancienne synagogue attenante, dans le village historique de Deir el-Qamar, au cœur de la région montagneuse du Chouf.

En 2022, pour sa deuxième édition, la villa Al-Qamar accueille trois nouveaux lauréats invités à développer des projets de création en lien avec les problématiques sociales et politiques actuelles au sein du territoire libanais et du Chouf. Les résidents seront appelés à nouer des relations de travail avec les milieux artistiques, universitaires et culturels, mais aussi à développer des dispositifs de médiation à destination des publics locaux.

Sixtine de Thé

Née en France en 1991, Sixtine de Thé vit et travaille à Paris. Avant d’entrer à l’École nationale supérieure des beaux-arts en 2016, elle étudie l’histoire de l’art et la littérature à l’École normale supérieure. Ses recherches la mènent d’abord à New York, puis à Beyrouth, où elle est également danseuse dans une compagnie syrienne. Sa recherche s’exprime comme une cartographie sensorielle du visible et de l’invisible, où des thèmes comme le corps, le visage et le territoire sont prépondérants.

Lors de sa résidence, elle travaillera sur son projet de photographie documentaire Quelque chose qui noire, autour de la pénombre née des pannes d’électricité dans le Liban d’aujourd’hui. Ce projet se pense comme le portrait d’un territoire à partir d’une couleur, le noir, en déclinant ses nuances afin de saisir la longueur des nuits sans électricité et la violence des coupures – la tombée de la nuit, la nuit noire, l’aube, les autres sources de lumière qui viennent pallier l’électricité. Allant du portrait intime au panorama, ce projet tentera de saisir ce que dit et tait cette pénombre, quelles angoisses se réveillent quand on ne peut plus rallumer la lumière.

Frédérique Chauveaux et Jana Saleh

Issue du milieu de la danse, Frédérique Chauveaux expérimente depuis 1998 la vidéo. Ce medium lui permet de poser sous un nouveau jour son regard sur le corps. Elle aspire à s’affranchir de l’écran et se plait à imaginer des installations vidéo par lesquelles elle cherche à impliquer physiquement et sensuellement le spectateur en le plaçant au cœur de l’œuvre.

Jana Saleh est une musicienne, artiste sonore et productrice libanaise. Après une licence en composition de films et musique du Berklee College of Music, elle a passé dix ans à New York à explorer différentes scènes musicales et à tourner aux États-Unis avec le duo d’électro acoustique formé avec son collaborateur de longue date, le Dr Richard Boulanger. Elle est revenue à Beyrouth en 2009 pour ouvrir sa propre maison de production dédiée aux artistes libanais émergents.

Durant cette résidence, toutes deux développeront Eanay/Habibi, un projet d’installation vidéo et sonore sur le rapport au mariage dans le Liban d’aujourd’hui. Frédérique Chauveaux se chargera de la partie vidéo, qui sera enrichie d’un environnement sonore réalisé par Jana Saleh à l’aide des témoignages recueillis. Une ou plusieurs robes de mariées seront mises en espace, agrémentées de leurs voiles qui deviendront les supports à la projection d’images vidéographiques tournées avec la collaboration d’une ou plusieurs danseuses issues de la scène artistique libanaise.

Laurent Gongora

Né en 1978, Laurent Gongora est plasticien. Diplômé en 2007 de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, il est depuis résident au 6b à Saint-Denis. Son travail se caractérise par une approche transversale entre art environnemental et détournement du réel. C’est le rapport au réel entre nature et artifice, entre vrai et faux qui l’intéresse. Qu’il s’agisse de redessiner la silhouette d’une montagne, de transformer des feuilles en plumes, ou encore de disposer une chorale de coucous suisses dans un bosquet, les choses du quotidien sont son terrain de jeu.

Sa résidence lui permettra de créer Propagations, des installations participatives dans l’espace public. Ce projet part d’un paradoxe entre un site remarquable pour ses cédraies et sa biodiversité, et une situation socio-politique tendue appelant à tout tenter pour rebondir. À la croisée du commissariat et de la création artistique, il souhaite questionner ce point de tension, en s’inspirant de l’histoire des lieux ainsi que de l’actualité des personnes qui y vivent.