NON. Tout est bien qui finit bien et tout est mal qui commence par non.
Non alors.
Non ce n’est pas un roman à l’eau de rose. Ni un " y " vécurent heureux à jamais.
Non ce ne sont pas des lunettes roses – nous n’avons pas le luxe des fantaisies ni l’argent – en fresh – pour changer nos verres noirs –.
Les désillusions ne sont pas les nôtres. Il faut déjà être passé par les illusions, mais la vie les a menés bien dur, ses coups, juste avant. Juste avant la mort. Alors non, pas d’illusions non plus.
Pas de _love-hate relationship_ Parce que c’est plutôt _love_ que hâte du côté de chez nous. Nous ne sommes pas de ceux que la rancœur ronge. Nous ne connaissons pas la haine, mais la colère. La colère pour masquer cette tristesse profonde et dévastatrice.
Pas de rêves bafoués. Juste des rêves. Pour rien. Pour l’envie de rêver.
Et tout le reste est mille fois foulé. Y compris la foi. En toi.
Alors non, pas d’idéal.
Juste une plume, légère. Juste une étoile.

Pas de mots mal interprétés, pas de plans de redressement définis, aucun projet d’avenir et toutes les insouciances de toutes les meilleures raisons des toujours plus forts.
Pas de reproches. Qu’aurait-on à se reprocher (encore) ? Les promesses ? Elles n’ont jamais existé – à quelques barrages, poteaux illuminés en plein jour, et quelques châteaux près. Ceux bâtis en Espagne et dans tous les pays non visités. Un jour, peut-être, qui sait –.
Pas de promesses donc, aucune duperie, aucune preuve d’ailleurs.
Juste nos regards. Et nos regards ont vu. Nos regards ont su. Nos regards ont tout gardé.

Mais, " comme il existe toujours un, mais qui remet tout en question ".
Les promesses ne sont pas faites que de mots (mille fois bis). Elles sont dans tout ce qui est. Dans les petits détails de tous les jours. Comme l’amour avec petit a – j’ai toujours préféré les minuscules – de deux époux presque éternels que l’on nomme " habitude ", pour se donner tous les droits de regarder par la fenêtre – celle des voisins – ou de se mettre en quarantaine.
C’est comme ça pour toi, seul et unique bon port.

Rien que d’innombrables détails de tous les jours, habitudes immuables que tous les pays du monde, toutes les rencontres de l’univers, toutes les autres terres moins arides ne peuvent pas effacer.
Toi et ta multitude de petits détails. Toi et tes arcs-en-ciel après les averses torrides. Toi et tes premières lueurs qui bercent les nuits blanches noircies de solitude et de questionnements. Toi et tes montagnes rebelles si lointaines qui veillent de loin sur tes épis de blé, celles qui défient pas à pas rocher après rocher – pourvu qu’ils ne s’effritent pas –, tous les curieux de " la " nature.
On finit toujours par perdre pied chez toi.

Et de la marche à rebours en odeur de plats enivrants, de l’inspiration de tes poètes qui se donnent tous les droits de croire encore en toi, en un rêve d’enfant si léger qu’il devienne réalité ; tout se met en place. Tout se fait, se défait, se refait encore, au nom de rien. Au nom de quelques pousses de thym… Et de thym rebelle et frisé en huile d’olive ou fleurs de tournesol, tout me ramène – encore ! – à mon _Petit Prince_ égaré… perdu.

" Et tu crois, toi, que les fleurs…
– Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J’ai répondu n’importe quoi. Je m’occupe, moi, de choses sérieuses !
Il me regarda stupéfait. […]

– Tu parles comme les grandes personnes ! "

On a tous grandi. Même nos enfants. Leurs yeux ont aussi vu, su et tout gardé.

Sans lunettes roses, sans aberration, en pleins résultats d’élections ou de dés déjà jetés, sur ce grand plateau d’échec sans mat, le cœur vibrant à l’heure de la justice de libre conscience ou de conscience libre, sans plus s’entêter à changer le monde, on garde en soi un peu de toi. Ces petits instants magiques, les quotidiens. Toi et tes rues grouillantes de klaxons et de fous furieux, toi et tes toits rouges sous lesquels on s’est blotti du temps des bombes ou du froid extérieur, toi et ma mer turquoise… Les pieds ancrés au port de tes blessures, à la limite de ton être détraqué, le dos courbé et la tête fière, à l’intérieur de tes volets chaleureux, on comptera toujours tes étoiles… filantes.

Et puis ce rêve d’enfant, le même, avec beaucoup moins de gens autour… celui qui s’accroche à toi, entre les murs des vieilles maisons – ce qu’il en reste –.
Ce même rêve… trêve… fragile, dénudé, effronté parfois, mais vrai. Une parenthèse dans un monde de sourds : re-garder. Regarder tes cyclamens… ou tes épis de blé.
Peut-être qu’au printemps prochain… ils auront encore eu la force de repousser.

Pas d’illusions. Aucune attente.
Juste un détail de plus, sans promesse… mais tu la tiens quand même, je sais.
Comme un épi de blé qui résiste aux quatre vents.

Beyrouth.

feuillesblanches.com

 

 

 

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