La question du décret de naturalisation de plusieurs milliers de personnes que l’ancien chef de l’État, Michel Aoun, souhaitait faire passer avant la fin de son mandat, fait de nouveau l’objet d’une polémique suite aux propos tenus par le Premier ministre sortant Najib Mikati. Lors d’une interview accordée dimanche soir à la chaîne télévisée LBCI, M. Mikati a affirmé, en réponse à une question, que "l’ancien président tenait à naturaliser 5.000 personnes", mais qu’il avait refusé de signer le décret de naturalisation, "puisque cela aurait altéré la démographie du pays". Le quotidien an-Nahar avait alors rapporté que la majorité des candidats étaient des Syriens de confession chrétienne, ainsi que des centaines d’alaouites.

La réponse de M. Aoun ne s’est pas fait attendre. Lundi, son bureau de presse a dénoncé, dans un communiqué de presse, "une déformation des faits dans les médias et par certains hommes politiques". Il explique ainsi que, lors du mandat de M. Aoun, la présidence avait reçu de nombreuses demandes de naturalisation, puisque, "conformément à la Constitution, cette question relève strictement des prérogatives du chef de l’État". D’après le communiqué, "ces demandes ont été minutieusement étudiées, conformément à des critères bien précis", comme, à titre d’exemple, "le fait d’être né d’une mère libanaise, d’avoir vécu au Liban pendant plusieurs années, ou encore d’avoir rendu de grands services au Liban". "Les demandes qui ne répondent pas à ces critères ont été rejetées", lit-on dans le texte. On y précise que les personnes dont les demandes ont été retenues "avaient bonne réputation" et "ne faisaient pas l’objet de poursuites judiciaires dans les pays dont ils sont issus". Elles n’ont pas non plus été sélectionnées pour "des considérations politiques".

Le bureau de presse de M. Aoun a, en outre précisé, qu’"un projet de décret n’a pas été envoyé à M. Mikati pour qu’il le signe, mais que les listes préparées devraient être envoyées à la direction générale de la Sûreté générale et à celle du statut personnel (relevant du ministère de l’Intérieur) pour vérification", sachant que "le nombre des dossiers retenus ne se chiffrait pas à des milliers".

Le bureau de presse de M. Mikati a également rejeté les rumeurs selon lesquelles "des sommes d’argent ont été versées pour l’obtention de la nationalité".

Aussitôt, le bureau de presse de M. Mikati a réagi. Dans un court communiqué, le Premier ministre sortant s’est contenté d’affirmer qu’il "s’en tenait à ses propos", soulignant qu’il "n’en dirait pas plus par respect pour Michel Aoun et la présidence de la République".