Selon l’avocat de Farès Souhaid, Boutros Harb, "il y a des craintes d’un dérapage sécuritaire qui ressemblerait aux événements de Tayouné", affirmant à Ici Beyrouth que l’ancien député reçoit quotidiennement des menaces "anonymes, mais qui ont un sens politique clair".

Le virulent opposant à la mainmise iranienne sur le Liban Farès Souhaid demande aux autorités judiciaires que sa convocation devant le juge d’instruction de Baabda soit transférée au palais de Justice de Beyrouth. Il a également réitéré sa demande à bénéficier d’une escorte officielle pour éviter tout incident sécuritaire.

M. Souhaid doit comparaître le lundi 7 mars à Baabda devant le juge d’instruction Ziad Doughaïdy, à la suite d’une plainte déposée par le député Ibrahim Moussaoui. Ce dernier avait réclamé des poursuites il y a plus d’un an contre l’ancien député de Jbeil entre autres pour “atteinte au sentiment national”, “excitation des instincts sectaires et racistes”, “tentatives de semer la discorde confessionnelle”, “informations erronées”, " diffamation” et “incitation à la guerre civile” à la suite de la publication de deux tweets en date du 6 et du 18 septembre 2020 pointant du doigt la responsabilité du Hezbollah dans l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020.

Contacté par Ici Beyrouth, M. Souhaid est catégorique: "Je refuse que ce procès en mon nom soit le déclencheur d’une confrontation dans la rue et donne un prétexte au Hezbollah". Et d’ajouter: "C’est pour cela que j’ai demandé à mes avocats la meilleure solution pour me permettre d’assister à cet interrogatoire en tant que citoyen qui respecte la magistrature, mais en même temps pour éviter toute confrontation comme le 13 décembre dernier."

À quelques semaines des élections, l’ancien député s’interroge également sur le timing de la convocation: "La cour de Baabda aurait pu reporter la date de l’interrogatoire à après le 15 mai puisqu’ils savent que je suis une personnalité politique qui probablement se présenterait aux élections. Pourquoi avant alors?". Interrogé sur les raisons de la plainte du Hezbollah contre sa personne, l’opposant au parti pro-iranien est convaincu que " le Hezbollah, qui est une organisation qui refuse la justice internationale et locale, a porté plainte pour pouvoir préparer un acte sécuritaire et se cacher ensuite derrière cette plainte ".

Les avocats du porte-parole du Rassemblement de Saydet el-Jabal, Me Boutros Harb, Me Élie Kyrillos, Me Hadi Souhaid, Me Ramez Daher et Me Simon Georges Karam se sont entretenu jeudi avec le procureur général près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidate pour lui demander officiellement le transfert du dossier au palais de Justice de Beyrouth. Selon Me Harb contacté par Ici Beyrouth, “le juge Oueidate a transféré la requête à la Cour de cassation qui doit prendre la décision ". Et d’ajouter : " Nous lui avons présenté les différentes raisons qui nous ont poussé à faire cette demande : nous ne voulons pas seulement protéger Farès Souhaid qui reçoit des menaces, mais nous voulons également éviter une nouvelle altercation entre des partisans de différents bords qui pourraient entrainer un dérapage sécuritaire qui ressemblerait aux évènements de Tayouné ". L’avocat a également confié à Ici Beyrouth avoir demandé un rendez-vous pour mardi avec le ministre de la Justice qui peut également demander un transfert de l’affaire.

L’ancien coordinateur du 14 mars s’était déjà présenté le lundi 13 décembre au palais de Baabda L’audience avait été reportée en raison d’une grève des assesseurs judiciaires. Des dizaines d’activistes anti-Hezbollah venus lui apporter leur soutien lors de sa première audience s’étaient querellés verbalement avec des militants du Hezbollah dont l’avocat du parti pro-iranien.

Une plainte avait également été déposée contre eux par le Hezbollah. Parmi les personnes poursuivies, Chafik Badr, Bahjat Salameh, Elise Moukarzel et Nelly Kandil.