L’ancien député Nadim Gemayel, qui avait démissionné au lendemain de l’explosion au port devrait former la liste des Kataëb dans la circonscription de Beyrouth I, et ce, en partie sur base d’une entente tacite avec les Forces Libanaises, selon nos informations. Sans se prononcer sur les alliances en vue, il minimise la querelle qui a pu l’opposer à Samy Gemayel, président du parti, et défend une position contre la mainmise iranienne. 

À quinze jours de la fin du délai de dépôt des candidatures aux législatives de mai, des rumeurs ont circulé lundi sur une possible friction entre Nadim Gemayel, député démissionnaire d’Achrafieh (Kataëb), et le président du parti, son cousin, député démissionnaire du Metn, Samy Gemayel.

Des médias ont rapporté une soi-disant décision du premier de ne pas se porter candidat aux élections, n’ayant pas le soutien du second. Une décision qu’il devait annoncer lundi soir, selon ces informations médiatiques. Mais plutôt qu’une annonce dans ce sens, le bureau de Nadim Gemayel a publié un communiqué pour dire qu’il " poursuit la bataille électorale face à l’influence iranienne ".

Joint au téléphone mardi par Ici Beyrouth, Nadim Gemayel confirme qu’il se présente aux élections, indépendamment des échanges qu’il a pu avoir avec son parti.

Il écarte absolument tout litige avec Samy Gemayel et précise : " Je représente la liste Kataëb et le parti Kataëb à Achrafieh (circonscription Beyrouth I, ndlr) ". Il doit donc s’atteler à former la liste Kataëb conjointement avec le député Jean Talouzian, selon des informations concordantes. La liste Kataëb-indépendants serait en lice avec trois autres listes principales, relevant respectivement des Forces libanaises, du Courant patriotique libre et de la société civile.

Nadim Gemayel reconnait toutefois avoir " pensé sérieusement " à ne pas se porter candidat aux élections, " pour plusieurs raisons, essentiellement politiques, non personnelles ". " Cela a fait l’objet de discussions internes très confidentielles, et j’ignore comment elles ont été divulguées ", insiste-t-il.

Ce temps de réflexion n’était " ni une manœuvre politique, ni un chantage, et n’a absolument rien à voir " avec le positionnement des Kataëb, ajoute-t-il. D’ailleurs, " Samy Gemayel m’a soutenu en se montrant favorable à tout choix que je prendrai, que ce soit de me porter candidat ou de m’en abstenir ", dit-il.

" J’ai finalement décidé de continuer avec tout le bagage politique et les principes qui sont les miens ", déclare Nadim Gemayel.

Alliance tacite FL-Kataëb

Nadim Gemayel n’a pas fourni de détails sur les alliances électorales dans la circonscription de Beyrouth I (Achrafieh, Médawar, Rmeil et Saïfi) affirmant que les choses ne sont encore claires.

Selon des sources concordantes, les tractations sont toujours en cours pour former la liste en question.  Mais s’il est une constante, c’est une alliance implicite entre les FL et les Kataëb. Les FL ont en effet pris soin de ne soumettre que la candidature de Ghassan Hasbani au siège grec-orthodoxe, s’abstenant de présenter une candidature sérieuse au siège maronite et " favorisant ainsi par défaut la candidature de Nadim Gemayel ", selon la source proche des Kataëb précitée. " Les Kataëb devraient vraisemblablement en faire de même pour le siège grec-orthodoxe ".

À une question sur le risque d’alliances électorales, concédées par le leadership Kataëb, qui compromettraient les principes de l’ex-14 Mars, Nadim Gemayel réaffirme : " Je me présente avec mon bagage politique. Je porte ces principes et cette cause ".

" Changement de l’intérieur "

Si Nadim Gemayel a conçu la possibilité de se retirer de la course électorale, ce n’est pas tant, dit-il, pour contester des alliances électorales envisagées par son parti, que dans le prolongement de la démission des députés Kataëb. Une démission présentée au lendemain de l’explosion au port de Beyrouth en août 2020, restée depuis impunie. " J’ai démissionné du Parlement parce que je le considérais sous la botte iranienne et complètement à la solde de Téhéran, parce que j’ai pris conscience que les lois n’avaient aucune force probante, qu’aucun contrôle ni reddition de comptes du gouvernement n’étaient possible, même après un crime de l’ampleur de l’explosion au port… Pour toutes ces raisons, j’ai craint que le combat ne soit plus efficace de l’extérieur que de l’intérieur ", explique-t-il.

Et de préciser : " Ce qui m’a convaincu au final de me présenter aux législatives c’est qu’il y a une chance, la dernière peut-être, de produire un changement au sein du Parlement, un changement institutionnel, étatique, de l’intérieur. J’espère que je ne me trompe pas ".

Qui plus est, s’agissant de la circonscription de Beyrouth I en particulier, " une victoire aux élections à Achrafieh serait la preuve qu’une victoire du courant souverainiste contre toute occupation iranienne à l’échelle du pays est plausible. C’est cela mon objectif ", dit-il.

" En somme, je n’ai aucun autre choix électoral que celui de la liberté face à l’occupation ", conclut-il.