Le président français Emmanuel Macron est arrivé aux États-Unis pour une visite d’État, la seconde depuis celle de 2018, avec, au programme, les fastes de la Maison-Blanche et les discussions stratégiques portant sur la sécurité internationale et l’énergie. Un sujet litigieux sera également au centre des entretiens, celui du " plan climat " de Biden qui inquiète les Européens en raison de son effet protectionniste pour la production américaine.

À la Maison-Blanche, entre les sapins de Noël, les guirlandes et les figurines, d’énormes cartes de vœux représentant le " First dog " Commander et le " First cat " Willow, du couple Biden… sous l’œil bienveillant d’Abraham Lincoln.

 

Le président français, qui s’est envolé pour la capitale fédérale mardi à 16H00 GMT, entend évoquer avec son homologue américain le plan massif de soutien à la transition énergétique, ou Inflation Reduction Act (IRA), qui accorde de généreuses subventions aux véhicules électriques, batteries ou énergies renouvelables à condition qu’ils soient " made in America ".

Concurrence déloyale, protectionnisme, peste-t-on à Paris, où l’on espère arracher des " exemptions " ciblées pour quelques industries européennes.

BEA contre IRA

Devant des grands patrons des deux pays reçus à déjeuner à l’Élysée juste avant de partir, Emmanuel Macron a estimé, selon la présidence, que cette loi allait " dans la bonne voie, au profit de la transition écologique ", mais comportait " des mesures protectionnistes qui posent de forts enjeux aux industriels européens ".

" Pour y faire face, il a insisté sur l’importance d’une réponse européenne concertée et l’adoption d’un ‘Buy European Act’ " , qui donnerait, aussi, la priorité aux produits fabriqués sur le Vieux Continent.

Si Paris a évoqué ces derniers jours la possibilité d’arracher des " exemptions " à l’IRA pour quelques industries européennes, on sait aussi que cela ne changera pas l’architecture de ce plan crucial pour le bilan de Joe Biden.

Des frictions et des espoirs
Washington D.C. pavoise. La bannière étoilée et le drapeau tricolore se voient à chaque coin de rue.

 

" Pour l’instant, nous sommes dans une phase d’écoute pour bien comprendre les inquiétudes de nos partenaires européens ", a dit mardi à des journalistes français un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, laissant entendre qu’il ne fallait pas s’attendre à des décisions concrètes durant cette visite.

Il a assuré que ce plan était aussi favorable pour l’économie européenne que pour l’économie américaine. " Les investissements dans l’énergie propre " vont " bénéficier à tous ", a-t-il plaidé.

Joe Biden lui-même ne semble pas d’humeur à s’excuser pour ses mesures en faveur de l’industrie américaine qui doivent permettre de " ne plus être pris en otages " par d’autres pays, a-t-il prévenu mardi en visitant une usine de puces électroniques dans l’Etat du Michigan.

Ces frictions ne devraient en tout cas pas gâcher la fête de cette visite d’Etat, la seconde pour Emmanuel Macron qui fut déjà l’invité d’honneur de Donald Trump en 2018.

Louanges américaines

 

D’autant que l’exécutif américain ne tarit pas d’éloges à l’égard du " leadership ", de " l’expérience " et de " la sagesse " du président français. " Au cours de la dernière année, la France a été littéralement au coeur de chacune des questions de sécurité nationale qui comptent pour les Américains et pour nos alliés ", a insisté John Kirby.

Mercredi, après avoir parlé de coopération spatiale avec la vice-présidente Kamala Harris en présence des astronautes français Thomas Pesquet et Sophie Adenot, d’environnement avec des parlementaires américains et de nucléaire civil avec des acteurs de la filière, le chef de l’Etat s’adressera à la communauté française puis retrouvera, en compagnie de son épouse Brigitte Macron, Joe et Jill Biden pour un " dîner privé ".

Ce sera l’occasion d’un premier échange dans un " cadre très informel, très franc et très amical ", dit un conseiller français.

Jeudi, c’est ensuite dans un cadre beaucoup plus solennel, bien que festif, qu’Emmanuel Macron sera reçu à la Maison Blanche, fraîchement parée des riches décorations et illuminations mises en place pour les fêtes de fin d’année.

Accueil fastueux à la Maison-Blanche

 

Entre les sapins de Noël chargés de neige artificielle, les guirlandes et les figurines, dont celles représentant le chien et le chat des Biden, il sera accueilli par le président américain lors d’une cérémonie scandée par vingt-et-un coups de canon, les hymnes et le passage en revue des troupes.

Après un entretien dans le huis clos du Bureau ovale, une conférence de presse conjointe et une réunion avec les dirigeants du Congrès américain, place au moment fastueux du dîner d’État.

Sous une tente dressée dans les jardins de la Maison Blanche, il sera animé par Jon Batiste, chanteur et compositeur, virtuose du melodica, mais également personnalité engagée dans la défense des droits des Afro-Américains.

Ce jazzman qui navigue entre la pop et la soul est un pilier de la scène musicale de la Nouvelle-Orléans, la ville de Louisiane jadis française, où Emmanuel Macron se rendra vendredi pour une visite dédiée à la francophonie, en présence du cinéaste Claude Lelouch et du danseur et chorégraphe Benjamin Millepied.

Des expatriés bretons français posent pour une photo devant la Maison-Blanche en portant le drapeau de la région Breizh.

 

Une issue pacifique pour l’Ukraine

Au-delà des questions commerciales, le rendez-vous américain doit permettre aux présidents des deux pays alliés d’afficher leur unité dans le soutien à l’Ukraine et, peut-être, d’esquisser un message commun en faveur de l’idée de négociations, à terme, pour mettre fin à la guerre lancée par la Russie. Un thème cher au chef de l’État français que certains, à Washington, commencent aussi à défendre.

La France veut enfin " resynchroniser les agendas de l’Union européenne et des États-Unis face aux crises " sur les " prix de l’énergie " et " la lutte contre l’inflation ", a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement français Olivier Véran.

Avec AFP