Le pont Ambassador qui relie le Canada aux Etats-Unis a été débloqué hier par la police canadienne alors que les manifestations inédites contre les mesures anti-Covid se poursuivaient ailleurs dans le pays. Un important contingent de policiers s’est regroupé aux abords du pont en début de matinée et les forces de l’ordre ont procédé à des arrestations et remorqué des véhicules des protestataires dont le mouvement est entré dans sa troisième semaine. L’enjeu était de taille, car la fermeture de ce pont a déjà entraîné des perturbations pour l’industrie automobile des deux côtés de la frontière. Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada transitent par ce pont.

" Notre crise économique nationale au pont Ambassador a pris fin aujourd’hui ", s’est réjoui le maire de Windsor Drew Dilkens, faisant allusion au lourd coût financier du blocus qui durait depuis lundi. Le passage transfrontalier sera rouvert " quand il sera sûr de le faire ", a-t-il ajouté, laissant à la police et aux services frontaliers la responsabilité de cette décision. Le maire a aussi invité, dans un communiqué, les dirigeants fédéraux et provinciaux du pays à " éviter toute rhétorique politique de nature à semer la division ", après deux années de restrictions dues à la pandémie.

L’opération de la police a été lancée en vertu d’une décision de la Cour supérieure de l’Ontario, qui avait ordonné vendredi le départ de ces manifestants installés depuis lundi sur cet axe frontalier majeur entre les deux voisins américains, un blocage qui a poussé Washington à intervenir auprès du gouvernement Trudeau.

Cette contestation au Canada a inspiré d’autres initiatives similaires dans le monde. En France, une partie des convois anti pass vaccinal ont quitté la région parisienne dimanche pour rallier Bruxelles et y manifester lundi, malgré l’interdiction des autorités belges.

Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, était parti au départ d’un mouvement de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et pour de nombreux manifestants à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau. Des manifestations se sont poursuivies samedi dans plusieurs villes canadiennes, dont Toronto et Montréal et d’autres passages frontaliers demeurent bloqués, dans les provinces du Manitoba et d’Alberta. Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche matin, le mouvement n’a pas faibli dans la capitale canadienne paralysée par les manifestants depuis fin janvier. Selon la police d’Ottawa, quelque 4000 manifestants étaient présents dans le centre-ville samedi. La police a précisé dans un communiqué que certains d’entre eux avaient fait preuve d’agressivité. Elle a également répété qu’elle avait des moyens limités pour faire face à cette situation, qui a amené les autorités de la ville et de la province de l’Ontario à décréter l’état d’urgence.

Avec AFP