Le Premier ministre israélien Naftali Bennett s’est félicité d’une visite " très réussie " à Bahreïn et a plaidé pour des " alliances " avec les pays arabes, au terme mardi de son premier déplacement dans cette monarchie du Golfe.

Le chef de la diplomatie bahreïnie Abdellatif al-Zayani a de son côté déclaré devant des journalistes que le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa et le prince héritier Salmane ben Hamad Al-Khalifa avaient accepté une invitation de M. Bennett en Israël et qu’ils s’y rendraient dans un futur proche.

Bahreïn et les Emirats arabes unis ont été les premières monarchies arabes du Golfe à normaliser en 2020 leurs relations avec Israël, permettant à l’Etat hébreu d’intégrer davantage une région où l’Iran est perçu comme une menace par plusieurs pays arabes.

L’Iran chiite est l’ennemi numéro un d’Israël. Il est aussi la bête noire de Bahreïn qui l’accuse d’avoir été derrière les manifestations chiites contre le pouvoir sunnite. Et il est le grand rival régional de l’Arabie saoudite sunnite, chef de file des monarchies du Golfe.

Lors de sa visite de deux jours à Bahreïn, M. Bennett a notamment rencontré le roi Hamad et cheikh Salmane, le prince héritier et Premier ministre, qui a souligné l’importance de " renforcer le partenariat Bahreïn-Israël ".

" C’était une visite très réussie, un accueil chaleureux, un lien étroit, un climat d’ouverture (…) C’est un nouveau modèle de (relations entre Israël et les pays arabes), un bon modèle ", a déclaré M. Bennett à des journalistes étrangers avant son départ de Manama.

" Mon objectif est de créer dans la région une série d’alliances entre Israël et les pays arabes ", a-t-il ajouté en qualifiant les dirigeants bahreïnis de " modérés ".

La visite de M. Bennett était la première d’un chef de gouvernement israélien à Bahreïn, qui comme Israël est un proche allié des Etats-Unis.

M. Bennett s’est par ailleurs entretenu avec le vice-amiral Brad Cooper de la 5e flotte américaine, basée à Bahreïn et chargée des opérations navales au Moyen-Orient.

Cette flotte est " un élément important pour le maintien de la stabilité régionale ", a-t-il souligné.

Début février, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a signé un " accord de défense " avec Bahreïn, afin de faire face aux " menaces maritimes et aériennes " dans un contexte de tensions entre d’un côté des monarchies du Golfe et, de l’autre, l’Iran et ses alliés.

Pour Yoel Guzansky, chercheur à l’Institut d’études sur la sécurité nationale de Tel-Aviv, le voyage de M. Bennett concerne " absolument " l’Iran.

Des propos appuyés par Dore Gold, responsable du Centre des affaires publiques de Jérusalem, pour qui Israël et Bahreïn ont été poussés vers des liens plus étroits, car ils sont " menacés par les actions iraniennes ".

Devant le chef de la communauté juive bahreïnie qui compte une cinquantaine d’âmes, Ibrahim Nonoo, M. Bennett s’est dit " sûr " qu’elle pourrait " être un pont remarquable entre Bahreïn et Israël ".

En août 2021, pour la première fois depuis 74 ans, une prière publique lors du Shabbat, jour de repos hebdomadaire des juifs, s’est tenue dans la synagogue de Manama.

" Il est important, particulièrement en ces temps tumultueux, que depuis cette région, nous envoyions un message de bonne volonté, de coopération, d’unité face à des défis communs ", a déclaré lundi M. Bennett, mais sans mentionner l’Iran.

Sous le gouvernement de Benjamin Netanyahu, le prédécesseur de M. Bennett, Israël avait normalisé ses relations avec Bahreïn, les Emirats, le Soudan et le Maroc. L’Etat hébreu a en outre conclu la paix avec l’Egypte en 1979 et la Jordanie en 1994.

Les derniers accords de normalisation ont été décriés par les Palestiniens alors qu’aucun règlement n’est en vue pour régler le conflit israélo-palestinien et que les négociations de paix sont au point mort depuis des années.

Avant Bahreïn, M. Bennett avait effectué en décembre la première visite officielle aux Emirats d’un chef de gouvernement israélien.

Petit pays de 1,5 million d’habitants, Bahreïn a été en 2011 le théâtre d’un soulèvement populaire essentiellement mené par la communauté chiite qui réclamait des réformes démocratiques.

Les manifestations ont été réprimées et des dizaines d’opposants emprisonnés.

Et selon le Citizen Lab de l’Université de Toronto, le controversé logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO a infecté entre juin 2020 et février 2021 les portables d’une poignée de militants bahreïnis.

AFP