Bien que les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies n’ont pas une valeur juridique contraignante, le vote de mercredi à une large majorité une résolution qui " exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine " montre que l’immense majorité de la planète condamne l’invasion lancée par Vladimir Poutine. Seuls cinq pays se sont opposés à la résolution et 35 s’abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation. Dans ce texte, l’ONU demande à Moscou qu’il " retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires " du territoire ukrainien et " condamne la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ". L’ambassadeur d’Ukraine aux Nations unies, Sergiy Kyslytsya, avait auparavant dénoncé un " génocide " en cours dans son pays, perpétré par la Russie. Son homologue américaine, Linda Thomas-Greenfield, a pour sa part accusé Moscou de vouloir utiliser dans cette guerre de l’armement banni par les Conventions de Genève. Et la Suède a fait état de la violation de son espace aérien par quatre avions de combat russes, près de l’île du Gotland.
Sur le plan diplomatique, l’Union européenne organise vendredi une rencontre extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres avec leurs homologues américain, britannique et canadien, présents à Bruxelles dans le cadre d’une réunion de l’Otan. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken va se rendre du 3 au 8 mars en Belgique, en Pologne, dans les Pays baltes et en Moldavie pour réaffirmer le soutien de son pays face à Moscou.
Les frappes sur Kiev et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre et gestes de solidarité avec l’Ukraine se sont multipliés ces derniers jours.
Le président américain Joe Biden a estimé dans la nuit que Vladimir Poutine, qu’il a qualifié de " dictateur ", était maintenant " plus isolé que jamais du reste du monde ", sur fond de forte pression internationale et de sanctions économiques inédites. Parmi ces mesures, l’UE a confirmé mercredi que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale. Le ministère américain de la Justice a parallèlement chargé des procureurs de poursuivre " les oligarques russes corrompus " et tous ceux qui violeraient les sanctions prises par Washington.
Résultat du conflit : les prix des hydrocarbures et de l’aluminium, dont la Russie est une grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d’une décennie. L’impact que cela aura sur l’économie des Etats-Unis est " très incertain ", a averti mercredi Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine. Les autorités russes tentent pour leur part d’éviter hémorragie financière et panique : le rouble a perdu en quelques jours plus d’un tiers de sa valeur en devises étrangères. Les avions russes ne peuvent plus atterrir que dans une poignée de pays. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reconnu mercredi " un sérieux coup ", mais prédit que l’économie russe " resterait debout ".
En Russie, l’opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour, qualifiant Poutine de " petit tsar complètement fou ". Des dizaines de personnes ont été interpellées dans la soirée au cours de rassemblements contre l’invasion de l’Ukraine organisés à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
Avec AFP