Alors que Moscou a annoncé se replier à l’est du pays, de nombreux observateurs ont souligné les faiblesses de l’armée russe. Celle-ci pâtirait d’un manque d’organisation et de coordination, d’un moral bas parmi les troupes, de carences logistiques et l’absence d’un système de communications sécurisée. Des lacunes qui ont permis aux Ukrainiens de résister et d’infiltrer l’armée russe. Résultat des courses, l’invasion de l’Ukraine ne se poursuit pas suivant les plans de l’État-major, qui envisageait une opération militaire bien plus réduite dans le temps. 

Un combattant ukrainien examine un véhicule de mobilité d’infanterie russe GAZ Tigr détruit après le combat à Kharkiv. (AFP)

Le chef du renseignement militaire ukrainien, le général Kyrylo Boudanov, a promis aux Russes un " véritable enfer " en Ukraine, où l’armée russe, qu’il juge " médiévale ", sera selon lui confrontée à une guérilla constante de partisans ukrainiens, dans un entretien publié vendredi.

" Le commandement russe a fait de nombreuses erreurs et nous utilisons ces erreurs ", a déclaré à l’hebdomadaire américain The Nation le général Boudanov, qui s’exprimait en ukrainien depuis Kiev, par l’intermédiaire d’un interprète à ses côtés. " L’armée ukrainienne a montré que l’armée russe deuxième armée du monde, ce n’était qu’un mythe. C’est juste une concentration de pouvoir médiévale, de vieilles méthodes de combat ", a ajouté ce jeune général de 36 ans, qui s’est engagé dans l’armée après la chute de l’URSS et a été formé aux méthodes de l’Otan.

Nommé en 2020 à la tête de la Direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la Défense par le président Volodymyr Zelensky, le général Boudanov a estimé que l’une des clés des succès des forces ukrainiennes pour résister à l’armée russe avait été leur capacité à espionner l’adversaire. " Nous avons beaucoup d’informateurs au sein de l’armée russe, pas seulement dans ses rangs mais aussi dans son cercle politique et au sein de son commandement ", a-t-il affirmé au cours de cet entretien accordé " ces derniers jours ", selon le magazine.

L’une de ses priorités ces derniers mois a été d’organiser une force de partisans qui resteront derrière les lignes russes en cas d’occupation longue pour mener des opérations de guérilla. Il n’a pas voulu donner de détails sur cette force mais il a noté que c’était " un grand nombre de personnes " et il a mentionné la présence de chasseurs.

" Nos combattants, nos soldats et même nos chasseurs vont se mettre à chasser l’agresseur, les troupes russes, avec des fusils dans les forêts ", a-t-il dit. " Le printemps va bientôt arriver, nos forêts vont reverdir et un véritable enfer va se déchaîner devant l’agresseur. " Il a noté que bien que la résistance ukrainienne ait tenu tête à l’armée russe depuis un mois, la situation reste " très difficile ". " Nous avons d’importantes forces russes sur notre territoire et elles ont encerclé les villes d’Ukraine ", a-t-il dit. " En ce qui concerne les perspectives de paix, malgré les négociations, elles restent vagues et imprévisibles. "

Le chef du renseignement militaire s’est aussi montré dédaigneux à l’égard des combattants tchétchènes qui ont rejoint les forces russes sur le front ukrainien, notant qu’il était facile de les suivre à la trace en écoutant leurs conversations sur leur téléphone portable.

" Nous avons beaucoup d’informateurs dans les rangs tchétchènes ", a-t-il ajouté. " Dès qu’ils préparent une opération, nous le savons grâce à nos informateurs ".

Avec AFP