Nouveau coup de tonnerre sur la glace olympique de Pékin: la patineuse russe Kamila Valieva, au cœur d’une embarrassante affaire de dopage, a craqué dans le programme libre jeudi et laissé échapper la victoire et le podium ce qui aurait obligé, pour la première fois dans l’histoire, les organisateurs des Jeux à annuler la remise des médailles.

 

Valieva, 15 ans, a fini par faire son âge.

L’adolescente russe, dans la tourmente depuis plus d’une semaine, a complètement raté son programme libre: au lieu d’éblouir les juges avec ses quadruples sauts, sa marque de fabrique, elle a enchaîné les maladresses, réceptions ratées et autres chutes, devant des spectateurs et journalistes interloqués.

Son sacre annoncé, après sa première place dans le programme court mardi, a viré au cauchemar: celle qui était jusque-là invaincue depuis ses débuts chez les seniors a terminé à la quatrième place avec 224,09 points, un score très loin de ses standards.

Le titre est revenu à sa compatriote et partenaire d’entraînement Anna Shcherbakova, 17 ans et championne du monde 2021, créditée d’un score de 255,95 points, devant une autre Russe Alexandra Trusova (251,73 pts) et la Japonaise Kaori Sakamoto (233,13 pts).

Valieva a été rattrapée sur la glace par l’affaire qui domine les JO-2022.

La championne d’Europe 2022 a été suspendue provisoirement le 8 février par l’agence antidopage russe pour un contrôle antidopage positif à la trimétazidine, dont le résultat est tombé au lendemain de sa victoire dans l’épreuve olympique par équipes avec la Russie.

Ce produit, utilisé pour soulager les angines de poitrine, est interdit par l’Agence mondiale antidopage depuis 2014, car il favoriserait la circulation sanguine.

 

Shiffrin sans médaille

Si ce contrôle a été réalisé en marge des Championnats de Russie fin décembre, l’affaire Valieva éclabousse les JO-2022. Le lendemain de la notification de son contrôle positif, Valieva avait obtenu la levée de sa suspension, décision confirmée par le Tribunal arbitral du sport (TAS) 24 heures seulement avant son programme court, qui a fait beaucoup réagir, aux Etats-Unis notamment.

Si Valieva avait terminé à l’une des trois premières places, le Comité international olympique (CIO) avait prévenu que la cérémonie de remise des médailles n’aurait pas lieu, tant que la procédure antidopage à son encontre n’aurait pas été menée à terme.

Les trois premières, qui recevront leurs médailles vendredi soir, ont participé à une première cérémonie protocolaire sur la glace alors que Valieva, qui a ignoré les questions des journalistes dans la zone presse, s’était calfeutrée dans les vestiaires.

" J’ai beaucoup souffert pour elle parce que, dès le premier saut, on a vu que ça se passait mal. Combien c’était difficile et quel poids c’était ", a compati la nouvelle championne olympique.

L’Américaine Mikaela Shiffrin devait, elle, être la reine des épreuves de ski alpin, mais la triple lauréate du classement général de la Coupe du monde et actuelle N.1 mondiale enchaîne les désillusions depuis son arrivée en Chine: éliminations en slalom géant et en slalom, 9e en super-G et 18e en descente.

Le combiné devait lui permettre de sauver ses Jeux: bien partie après la descente, Shiffrin est encore partie à la faute en slalom après seulement quelques portes.

" Les gens disent que c’est une histoire de pression, il y a eu des moments pendant les Jeux où j’ai ressenti une forte pression, les attentes, mais ça ne m’a pas affectée pendant mes courses de manière générale, et ce n’était certainement pas supérieur à ce que j’avais déjà connu dans ma carrière, aux Mondiaux, aux derniers JO ", a balayé l’Américaine, qui avait remporté l’or en slalom aux Jeux de Sotchi en 2014 puis en géant à Pyeongchang en 2018.

Le titre est revenu, comme en 2018, à la Suissesse Michelle Gisin, devant sa compatriote Wendy Holdener et l’Italienne Federica Brignone. Et Shiffrin jouera sa dernière carte, dans l’épreuve par équipes samedi.

Kevin Rolland lors des qualifications du ski half-pipe des Jeux olympiques 2022, jeudi à Zhangjiakou. Marco Bertorello/AFP

 

Rolland en finale

Huit ans après sa médaille de bronze à Sotchi, quatre ans après sa onzième place dans le half-pipe de Pyeongchang, Kevin Rolland a déjà signé la plus belle des victoires en décrochant son billet pour la finale de samedi.

Il a été crédité du 10e score des qualifications (75,25 pts), loin des 92 points de l’Américain Aaron Blunck.

Mais il revient de loin: il a bien failli perdre la vie en voulant battre un record du monde dans un gigantesque " pipe " en 2019, mais sa tentative a viré au drame lorsqu’il a perdu l’équilibre dans la phase ascendante de son saut. Le diagnostic était alors inquiétant: fracture du bassin, hémorragie cérébrale, poumons perforés par des côtes et pancréas endommagé.

Les médecins ont même douté qu’il puisse un jour reprendre la compétition, mais Rolland a retrouvé le circuit mondial après deux ans d’absence en mars 2021 et a frappé les esprits avec sa huitième place aux Mondiaux-2021 d’Aspen (Etats-Unis).

Depuis, il navigue en Coupe du monde autour de la 10e place et il faudrait un nouveau miracle pour décrocher une médaille et apporter sa contribution au bilan français qui se monte toujours à 13 médailles, dont quatre en or, à deux unités du record tricolore pour des Jeux d’hiver (15 aux JO-2018), après la défaillance du relais féminin de biathlon (6e).

" Etre en finale, ça paraît normal, mais ça ne l’est pas forcément pour moi. J’étais loin d’y penser il y a deux ans et demi ", a réagi Rolland.

Source AFP