L’exposition en solo de Névine Boueiz, poétiquement intitulée Sous l’eau la Terre compose, se tiendra à la galerie Tanit, à Mar Mikhaël, du 6 septembre au 6 octobre 2022.

Tout au début, il y a des colonies d’entités modelées par la main dans l’argile. Un désir fabuleux de faire forme et avec lui le sens de l’infini du monde logé dans le corps des éléments. L’eau, la terre, le feu, l’air et ce qu’ils laissent d’eux sur les âmes et la matière.

Comme on découvre un jardin oublié, cette exposition de la céramiste Névine Bouiez offre un cheminement au sein de l’imagination créatrice des éléments. Le jardin est bien cet espace à part, où s’expriment et se préservent des utopies flamboyantes, des étreintes intimes éternelles ou fugitives, des cycles et des énigmes de recommencement. Le jardin invite à l’émerveillement et à l’observation des plus petites choses qui font la poésie du monde. Le jardin redonne du sens au temps et questionne la nature de la vie.

Redonner du sens au temps et à la main qui fait, questionner les échelles cosmiques et la nature du vivant, voici la voix de la céramique aujourd’hui. Cette forme d’art raconte les mondes plus que l’individu.

Elle est un véritable médium de découverte des réalités: celles de la matière et des éléments. Éprise d’une multitude de langages formels, Névine Boueiz maîtrise avec talent les différents stades techniques – mise en forme, séchage, émaillage, cuisson – qui fondent la céramique, arts de la terre et du feu. Influencées par le règne végétal et animal, les séries présentées explorent par fragments la complexité des environnements aquatiques et l’influence de l’imaginaire de l’eau sur la matière. Les signes composés par la terre sous les océans, la formation – la vie et la mort – des récifs coralliens, la mémoire du sable, la mélancolie d’une eau qui coule, les rêveries d’un jardin aquatique, sont autant de clés de lecture pour découvrir le geste créatif de l’artiste.

Tenter de toucher la richesse du secret des eaux – les courants, les fonds, la flore, la faune et leurs fossiles –, c’est accomplir un travail entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Cette exploration investit un langage formel prenant comme support ou comme matrice le contenant, la stèle, la murale et l’installation dans l’espace. Elle ouvre un questionnement sur l’émerveillement et la pensée du vivant dans ce qu’ils portent de curieux, de fabuleux et de tragique. Elle invite surtout à un rapprochement et une posture d’écoute attentive et sensible aux prophéties portées par l’eau; la fragilité de notre planète et de ses écosystèmes.

Ainsi, pour tenter de contrer une crise écologique, qui est autant une conséquence funeste d’une crise de la sensibilité, pour ne pas faire de ce qu’il reste de beauté sur Terre, des scènes muettes pourtant si expressives et si peu perçues, enfin pour que les mots et les dynamiques imaginaires ne manquent pas au monde, nous évoquerons un choix de termes et de possibles noms des choses. Ceux-ci ouvrent et révèlent la portée de ce qui est exprimé pour mieux nous inviter à penser puis rêver.

Clémence Cottard Hachem

Le vernissage aura lieu le mardi, 6 septembre 2022 de 18h à 21h, en présence de l’artiste.
L’exposition se tiendra jusqu’au 6 octobre 2022.