La prestigieuse Résidence des Pins s’offre comme merveilleux écrin à la Galerie Saleh Barakat. Une quarantaine d’œuvres d’artistes libanais et  du Moyen-Orient y sont exposés à partir du 20 octobre, sur une belle initiave de l’Ambassade de France.

Monsieur Saleh Barakat et Madame Anne Grillo, Ambassadrice de France

Dans un décor luxueux et raffiné à l’intérieur de la Résidence des Pins, au milieu des boiseries marquetées, des colonnes sculptées, et sous le scintillement des lustres, défilent des œuvres aussi diverses que des sculptures en acier, marbre, argile et bronze, des tableaux, photos et mobilier.

On retient de cette exposition des visages d’artistes émouvants qui racontent avec passion leur histoire, leurs découvertes artistiques, leur évolution faite de hasards, de souffrance et de résilience. Leur quête est intérieure et part d’une douloureuse réalité transcendée par la création artistique. Se nourrir d’un quotidien lourd, y trouver une source de lumière et d’inspiration, se projeter en avant le regard levé vers le ciel reste le langage commun à tous ces artistes.

Azza, artiste syrienne engagée ayant reçu de nombreux prix à l’étranger pour ses gravures et eaux fortes raconte l’expérience de son incarcération en Syrie.
Avec le fil déroulé d’une couverture en laine miteuse qu’elle utilise en prison pour créer des petites poupées, elle tissera une relation privilégiée. Ce fil dessinera la trame essentielle de ses futurs tableaux consistants en collage et superposition de tulles colorés tels que " Backhome dance ", une de ses dernières œuvres représentant une silhouette évanescente la main tendue vers une promesse de patrie-liberté.

Zein Daouk architecte et designer nous fait partager sa troisième dimension, nom donné à ses sculptures en grès inspirées des champignons. Dans sa quête de réconfort après l’explosion du 4 août, Zein puise de nouvelles forces dans la nature et s’inspire de l’interaction entre les 4 éléments premiers : eau, terre, air et feu pour faire jaillir l’étincelle et l’élan créateur.

Ginane Bacho, elle, transforme les morceaux d’obus instruments de mort en cèdres symboles de pérennité et de vie.

Les sculptures en grès de Samar Mogharbel, Arcs de Triomphe déchus, tuyaux flasques et tordus, dénoncent le despotisme issu de l’égotisme et de l’orgueil.

Le tableau coloré du peintre syrien Anas Albraehe nous touche par sa dimension universelle, le sommeil de l’ouvrier représentant le seul espace de paix et de liberté laissé par une dure journée de labeur.

De l’abstraction géométrique de Gebran Tarazi avec ses panneaux de bois, aux techniques photographiques à l’ancienne de Jack Dabaguian, toute une panoplie d’artistes renommés et talentueux qui accrochent votre regard, vous interpellent et vous touchent.

Dans ce lieu inspirant et privilégié qu’est la Résidence des Pins, l’exposition se savoure comme un rappel à l’Art salvateur, un appel à la résistance culturelle et à une belle escapade artistique.

Jocelyne Ghannagé
joganne.com