" Par moments, on perd nos repères " : entre confinement, déluge " permanent " d’informations négatives, mais aussi des moments emplis d’espoir, Patrick Bruel revient vendredi avec un dixième album studio, Encore une fois, largement inspiré de l’actualité.

" La période que l’on vit ne m’a jamais paru aussi intéressante : tout ce qui nous arrive est source de tellement de questions sur l’individu et la société ", confie le chanteur aux 10 millions d’albums vendus en plus de 40 ans de carrière, lors d’un entretien.

Réchauffement climatique, crise sanitaire… " Par moments, on perd nos repères. Tout va tellement vite : une information ne cesse d’en chasser une autre. On passe de moments de solidarité magnifique à un individualisme forcé qui nous amène à oublier nos valeurs essentielles ", considère l’interprète de titres comme " Place des grands hommes ", J’te l’dis quand même et Qui a le droit.

Ce côté " très sombre " de l’actualité se retrouve dans son nouvel album Encore une fois avec notamment le morceau On en parle, qui est " en quelque sorte mon " Casser la voix " de 2022 ".

Un titre rageur et poignant slammé sur un rythme crescendo. La chanson, dont l’écriture a commencé en 2018, a été finalisée dans les 48 dernières heures avant l’envoi de l’album : entre une nuit blanche après un concert en Suisse, un avion vers Venise, puis un autre vers Paris, la dernière ligne a été écrite au bout de la nuit.

" Je regardais la télé : des images du droit de l’avortement banni aux États-Unis défilaient. La phrase cette régression amère qui insulte le temps m’est alors venue et j’ai terminé le texte. En principe, tout l’album était déjà bouclé ! " raconte Patrick Bruel.

Dans ce nouvel album studio, le chanteur de 63 ans jongle entre sonorités électropops, urbaines et des sons " plus classiques ".

Pour le chanteur français, " à chaque chanson le bon costume ".

Un simple guitare-voix suffit, par exemple, pour L’instit : un titre qui rend hommage au corps enseignant, aux livres, et à la mère de Patrick Bruel, elle-même institutrice.

Une chanson écrite pendant la crise sanitaire, dans l’isolement.

" Il y a forcément un avant et un après-confinement : on a développé une autre approche de la nature, des tâches quotidiennes, du silence et de la solitude. Et c’est cette solitude qui a amené à appréhender la lecture autrement : un livre est un ami qui peut vous sauver la vie ", considère le chanteur.

S’il a relu des auteurs classiques comme Victor Hugo ou Honoré de Balzac pendant le confinement, il a aussi injecté du neuf dans sa musique.

À commencer par sa collaboration inédite avec l’artiste française de 26 ans Hoshi pour deux des seize titres qui figurent sur l’album : J’avance et Dernier verre, premier café.

" Dès le début de son parcours, j’ai accroché avec ses mots, sa personnalité, son charisme, son intelligence. J’aime beaucoup le message porté par son titre Amour censure que j’ai eu l’occasion de chanter avec elle sur scène ", explique-t-il. Le chanteur né en Algérie aussi fan du titre L’odeur de l’essence du rappeur Orelsan, dit aimer explorer d’autres styles musicaux.

" Comme je suis basé la moitié du temps à Los Angeles, je baigne dans la musique urbaine. J’ai un lien très étroit avec le hip-hop et je trouve qu’il existe du très bon rap avec des propos cohérents. "

Pourra-t-on le voir rapper prochainement ? " Pourquoi pas. J’ai toujours aimé partager les aventures artistiques : l’idée de faire des collaborations avec des rappeurs, ça me plairait beaucoup ", lâche-t-il.

AFP