Le comédien Jacques Sereys, sociétaire honoraire de la Comédie-Française qui a joué une cinquantaine de rôles sur scène et aussi dans plusieurs films, est décédé à l’âge de 94 ans.

La " maison de Molière " a exprimé son " immense tristesse " lundi après l’annonce du décès, faite dimanche soir par l’Élysée. " Nous perdons une grande figure de notre Maison, un des derniers de cette génération exceptionnelle qui a tant fait rêver notre public et tant fait pour la réputation de notre théâtre ", a indiqué dans un communiqué Éric Ruf, administrateur général du Français.

Les camarades de Jacques Sereys dans la troupe s’appelaient en effet Jacques Charon, Robert Hirsch, Jean Piat ou encore Françoise Seigner. " Il était une figure estimée du théâtre français et un visage familier de notre cinéma populaire ", a souligné la présidence dans un communiqué dimanche soir, Emmanuel et Brigitte Macron saluant " un homme qui avait voué sa vie au théâtre ".

" Jacques Sereys servait des textes qui, par leur mélancolie ou leur panache, leur verve ou leur subtilité, disaient tout d’un certain esprit français ", a poursuivi l’Élysée.

Né le 2 juin 1928 à Saint-Maurice (Val-de-Marne), élevé à Marseille par sa mère, brodeuse — il n’a jamais connu son père-, il a commencé comme garçon de bureau au Crédit Lyonnais avant de débarquer à Paris en 1947, poussé par son désir de devenir acteur. " À dix-neuf ans, il a lu ses classiques, perdu son accent et passe le Conservatoire. Dès lors, il travaille, lit, apprend ", selon la Comédie-Française qu’il intègre en 1955.

" Avec un goût prononcé pour l’intermittence ", note la Maison de Molière puisqu’il quitte la vénérable institution en 1965 pour la rejoindre finalement en 1978 et ce jusqu’en 1997. Il joue un répertoire varié (Marivaux, Genet, Corneille, Goldoni ou encore Feydeau) et fait entrer Giraudoux à la Comédie-Française.

Il a remporté en 2006 le Molière du meilleur comédien pour son seul-en-scène " Du côté de chez Proust ", ainsi que le prix du Brigadier d’honneur en 2015 pour l’ensemble de sa carrière.

" Avec sa silhouette d’une impeccable élégance, sa diction travaillée comme une dentelle et un regard qui pétillait, Jacques Sereys a illuminé les planches de son talent pendant 70 ans ", a réagi la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, le qualifiant de " sublime interprète de nos émotions ".

Il a fait des incursions au cinéma, avec notamment son rôle de chef des services secrets face à Yves Montand dans " I… comme Icare " d’Henri Verneuil (1979) et des rôles dans " Le Feu follet " et " Le Souffle au cœur " de Louis Malle.

Jacques Sereys avait épousé Philippine de Rothschild, également comédienne au Français qui jouait sous le nom de Philippine Pascale, et avec qui il eut deux enfants, Philippe et Camille.

AFP