“Les plus belles fêtes sont celles qui ont lieu à l’intérieur de nous.” Frédéric Beigbeder

Au Liban, 80 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Mais les Libanais n’ont pas perdu, pour autant, leur goût pour l’exhibitionnisme. Que leurs concitoyens dorment le ventre vide ou qu’ils meurent d’un AVC ou d’une crise cardiaque faute de n’avoir pas pu acheter un bêtabloquant dont le prix est inabordable ne semble pas émouvoir les fêtards. Avoir le goût à la fête a toujours été le propre du Libanais qui vit d’ailleurs souvent bien au-dessus de ses moyens. Mais là où la situation est insoutenable, c’est lorsque l’affichage des buffets du Nouvel An, champagne, caviar et feux d’artifice compris est partagé sur les réseaux sociaux. S’il est tout à fait normal pour les personnes qui peuvent se permettre ces plaisirs de se les payer, il est choquant, en temps de crise aigüe, de l’afficher. Dégustez votre caviar à la louche à l’abri des regards. Pourquoi le montrer publiquement ? Quel manque de tact et de solidarité ! Quant aux dîners de gala organisés dans les lieux luxueux du pays, pourquoi ne pas avoir proposé d’inclure, au menu de la soirée, une donation à des ONG, histoire d’alléger un tant soit peu les souffrances d’autrui (et peut-être de se donner bonne conscience, à condition d’être capable d’empathie).
Mais non, il a fallu se faire agresser (virtuellement) par des robes en strass, des décolletés affriolants, des femmes ultras maquillées et affublées de bijoux, tels des sapins de Noel enguirlandés. Le champagne coulait à flots, les feux d’artifice qui équivalaient à des sommes mirobolantes en USD ont été brûlés pour un moment aussi illusoire que fugitif. Pour quelques courtes minutes de plaisir qui auraient servi à nourrir des familles entières, scolariser des enfants, acheter des médicaments, et la liste est longue comme un jour sans pain au sens propre du terme. Le Libanais est (majoritairement) malheureusement un être égoïste et profondément nombriliste. C’est bien pour cela que le pays se désintègre. La cohésion du peuple est inexistante. Les Libanais se comptent individuellement, par 1 +1 +1… Il y a autant de Liban que d’individus.
N’étaient-ce les remarquables ONG qui font un travail fantastique sur le terrain, les démunis en auraient pâti davantage. Mais pour que ces ONG puissent remplir leur mission, elles ont besoin d’alimenter leur caisse.
Peut-on espérer un changement de mentalité dans un pays où tout n’est qu’artifices ? Feu Liban…

Pour aller plus loin, le rapport de  " Save the children " concernant le Liban: Cliquez ici