Ayant grandi dans une famille d’artistes, dans un climat de liberté et d’ouverture, et ayant déjà reçu le prix prestigieux du meilleur artiste en solo lors d’une exposition à Dubaï, Rachel K donne libre cours à sa créativité. Elle nous dévoile dans son exposition Dark Play, qui s’est tenue du 23 au 25 février au "Ballroom Blitz", night club réputé de Beyrouth, un style naïf et original qui n’est pas sans rappeler celui de Jeff Koons dont l’artiste se démarque toutefois par un univers qui lui est propre et dont l’originalité constitue une véritable signature.

L’univers magique de l’artiste se révèle par un passage obligé dans une boîte de nuit, labyrinthe qui sert d’écrin noir à une série d’œuvres inédites qui brillent de mille feux grâce à une savante orchestration de projecteurs et de jeux de lumière.

La création artistique s’allie alors à la technologie et au digital pour une immersion dans le monde merveilleux de l’enfance. Une vraie fête visuelle où les œuvres se déclinent en projections animées sur un mur, ou en tableaux, objets affichés ou qui surgissent en déchirant la toile, ou encore en sculptures et installations rendues mobiles grâce à de petits moteurs incorporés; pièces dont le mouvement robotique crée une joyeuse dynamique qui participe à la féerie de l’ensemble.

En papier mâché coloré, en résine ou en fer, ces créations inédites semblent incrustées de pierreries, illusion rendue par des milliers de petits objets tout droit sortis de l’imagerie de l’enfance. De minuscules effigies de personnages de dessins animés ou de jeux vidéo, animaux, poupées, voitures, perles et boules; petits jouets collectionnés avec passion par Rachel K, qui viennent couvrir ses œuvres faisant effet de bijoux sertis de pierres précieuses. Tout un tas de petits trésors miniatures qui ravissaient nos cœurs d’enfants et nous remplissaient les yeux d’étincelles.

L’artiste invite ainsi le public à une expérience ludique et sensorielle en faisant défiler les objets les plus divers et les plus insolites pour un retour nostalgique à l’enfance.

Des révolvers détournés de leur fonction deviennent alors vases à fleurs ou pistolets à eau. Une danseuse, tête en bas, prend appui sur les assemblages colorés pour y puiser force et équilibre.

Une tête en résine noire s’ouvre comme une issue de secours et fait pendant à un crâne brillant de mille couleurs, comme pour défier la mort. Un cœur géant et mobile laisse entendre ses pulsations de vie. Un énorme papillon ouvre grand ses ailes dorées comme pour s’envoler.

Le scarabée porte-bonheur, grand oublié de la nature, retrouve, avec sa carapace couverte de feuilles d’or, ses titres de noblesse. Le poivron vert affirme fort sa présence pour mieux pimenter la vie.

Oreilles de lapin, escargot, cane et canetons, marguerites géantes… autant d’éléments qui participent au plaisir du spectateur et l’entraînent, par leur ronde jouissive et tonique, à célébrer la fête dans un vrai retour aux sources.

Jocelyne Ghannagé

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