Il y a cent ans, mourait Gustave Eiffel, le célèbre ingénieur de la Tour Eiffel qui a visualisé une tour, cru en un rêve, celui d’en faire la plus haute de Paris… Et il a réalisé son projet, contre vents et marées. L’exploitant du monument ainsi que les descendants de Gustave Eiffel tiennent à le commémorer cette année, en 2023, cent ans après sa mort en 1923. Pour son centenaire, ils ont déposé une demande de panthéonisation.

Né à Dijon en 1832, Gustave Bonickhausen, dit Eiffel, devait reprendre l’usine chimique de son oncle, mais il s’est finalement tourné vers la construction métallique, à la suite d’une querelle familiale. La tour Eiffel consacre la renommée internationale de l’ingénieur, qui a reçu 14 décorations françaises et étrangères dans sa carrière, dont celle de "dignitaire de l’Ordre impérial du soleil levant". Chimiste de formation, le centralien a de fait passé plus de vingt-cinq ans à faire de la recherche en aéronautique et en aérodynamique, un pan souvent ignoré de sa vie.

Construite en seulement deux ans pour l’Exposition universelle de Paris en 1889, la tour Eiffel avait été conçue à l’origine pour durer vingt ans et accueillir 500.000 personnes. D’abord controversée, elle devient ensuite symbole de Paris puis de la France. En 2022, la tour Eiffel a accueilli 6,2 millions de visiteurs et quelque 21 millions au total sur le parvis, pour un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros dont 80% tirés de la billetterie, selon la Sete. Le monument fait actuellement l’objet d’une 20e campagne de peinture pour préserver la structure de la corrosion. Un investissement de 50 millions d’euros pour des travaux qui doivent durer sept ans.

"À la fin du XIXe siècle, construire une tour de 300 mètres de haut en plein cœur de Paris, la plus haute du monde à l’époque, c’est un défi incroyable, de l’ordre de la science-fiction", a déclaré lors d’un point presse Jean-François Martins, président de la Sete (Société d’exploitation de la tour Eiffel), dont la Ville de Paris détient 99% du capital. "Nous avons besoin de scientifiques, de gens qui croient possible de résoudre de grandes équations jugées impossibles, comme l’a fait Eiffel. Nous avons besoin de célébrer l’esprit et le génie créatif qui étaient le sien pour redonner collectivement de l’ambition scientifique à un moment où la question climatique pose un certain nombre de défis technologiques", a ajouté le conseiller de Paris.

Les manifestations se dérouleront de mai à novembre. À Paris, les visiteurs de la dame de fer pourront plonger dans l’univers de Gustave Eiffel grâce à un parcours immersif lors duquel l’ingénieur apparaîtra pour raconter l’histoire de cette construction au départ controversée. Une exposition labellisée Unesco sera installée sur le parvis du monument pendant l’été et la tour sera le théâtre, à l’automne, d’une performance électro du DJ Michel Canitrot. Un timbre commémoratif sera également commercialisé à partir du 27 mars.

Outre ceux réalisés en France (viaduc de Garabit, ossature du palais Galliera, dôme de l’observatoire de Nice, ponts de Bordeaux et Chinon, etc.), plusieurs centaines d’ouvrages conçus par Eiffel et ses ateliers ont été recensés dans le monde. Parmi eux, l’ossature de l’emblématique statue de la Liberté à New York, le pont de Porto sur le Douro, la gare de Budapest, mais aussi des ponts en Chine, au Vietnam, en Égypte ou en Bolivie, des églises au Pérou et au Chili…

Un recensement est toujours en cours, notamment de phares construits sur la mer Baltique, en Estonie. À l’occasion du centenaire, l’association ADGE, qui réunit une cinquantaine de descendants de la famille Eiffel, a déposé il y a quelques semaines une demande de panthéonisation de leur aïeul auprès de l’Elysée. "Gustave Eiffel fait rayonner l’image de la France dans le monde entier parce qu’il n’a eu de cesse d’innover. Il incarne la France industrielle et aura été un dirigeant aux idées sociales avancées", plaide son arrière-arrière-petite-fille Myriam Larnaudie-Eiffel, qui estime "urgent de redonner de l’importance au panthéon scientifique aujourd’hui insuffisamment représenté".

Marie-Christine Tayah avec AFP
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