Lors de la 76e édition du Festival de Cannes, l’actrice allemande Sandra Hüller a joué dans deux films principaux: Anatomie d’une chute (Palme d’Or) et La zone d’intérêt (Grand Prix). Bien qu’elle n’ait pas remporté de prix, l’audience a été médusée face à sa performance remarquable.

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Sandra Hüller est une actrice au vrai sens du terme. Formée au théâtre et ayant joué dans plusieurs pièces, elle n’a peur de rien. Elle s’est d’ailleurs imposée comme l’une des actrices européennes les plus audacieuses. Par ses rôles polyvalents, elle capte l’attention des spectateurs et les entraîne dans les méandres de ses personnages. Également appréciée pour son travail sur scène, Sandra Hüller a souvent collaboré avec le metteur en scène Thomas Ostermeier, s’essayant ainsi à tous les genres, de Shakespeare à l’expérimentalisme d’avant-garde.

Son interprétation captivante dans Anatomie d’une chute de Justine Triet, ainsi que dans La zone d’intérêt de Jonathan Gazer, a suscité l’admiration du public lors du festival. Ces deux films reflètent la vivacité d’esprit, la férocité émotionnelle et l’audace ultime de l’actrice, ce qui lui a valu le titre de "reine de Cannes" auprès de la presse internationale.

Détaillant les techniques de la réalisatrice Justine Triet et du réalisateur Jonathan Gazer, l’actrice a déclaré que leur approche était complètement différente. Toutefois, elle a ajouté que "les deux sont parfaitement concentrés sur ce qu’ils font. Certains réalisateurs sont un peu manipulateurs… ils ne vous donnent pas toutes les informations dont vous avez besoin pour un personnage, mais avec ces deux-là, tout était clair: ce qu’ils voulaient réaliser ou raconter".

Née le 30 avril 1978 en Allemagne de l’Est, Sandra Hüller a suivi des cours de théâtre à Berlin après la fin de la guerre froide. Elle a acquis une renommée internationale avec Requiem en 2006, dans lequel elle incarne une femme épileptique au sein d’une communauté religieuse qui la croit possédée. Le film lui a valu le prix de la meilleure actrice au Festival du film de Berlin. Son rôle principal dans Toni Erdmann, en 2016, a confirmé son statut de star dans les différents festivals, montrant qu’elle était aussi douée pour la comédie que pour la tragédie.

"Je considère les êtres humains comme des réservoirs de sentiments et d’émotions… Il s’agit juste de savoir comment les canaliser et les montrer", a déclaré Sandra Hüller à la presse. Quant à la réalisatrice Justine Triet, elle n’a pas tari d’éloges sur son actrice, déclarant à l’AFP: "Tout ce qui émane d’elle est puissant. De par sa formation théâtrale, elle a une façon de travailler complètement différente. Quand elle arrive, elle a déjà travaillé pendant des mois sur le film. Par conséquent, ses premières prises sont très fortes." Elle a également ajouté: "C’est une actrice qui a un vrai point de vue sur son personnage…"

À propos de sa prestation dans The Zone of Interest, particulièrement troublante puisqu’elle incarnait Hedwig Hoess, l’épouse du commandant du camp d’Auschwitz Rudolf Hoess, l’actrice a affirmé qu’elle "se sentait responsable en tant qu’Allemande" d’interpréter ce rôle. "Il n’y avait pas de recette pour bien faire les choses", a-t-elle déclaré. "Il n’a jamais été question d’être bon ou de faire quelque chose d’extraordinaire. Cela n’est pas en rapport avec le jeu, mais plutôt avec la présence, l’écoute, le respect de ceux qui nous entourent", a-t-elle déclaré aux journalistes à Cannes.

Marie-Christine Tayah avec AFP.

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