Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, veuve d’un industriel en équipements pour l’automobile, a été tuée dans sa villa de Mougins à coups de chevron de bois et de couteau. Son corps a été découvert le lendemain dans une pièce de son sous-sol fermée de l’intérieur. L’inscription en lettres de sang figurant sur son mur: "Omar m’a tuer" a conduit la justice à inculper son jardinier Omar Raddad, en dépit de nombreux éléments contradictoires à même de soulever le doute. "Omar m’a tuer" est une phrase à la graphie incorrecte, liée à l’affaire Omar Raddad. Devenue célèbre dans le cadre de cette affaire judiciaire, elle fait rapidement l’objet de nombreux détournements. Ce billet fait partie de cette série de détournements.

Je ne sais pas si la vie avant la mort existe, mais ce dont je suis certaine, c’est que la vie après la mort existe bel et bien. Pourquoi? Parce que la personne qui rédige cette chronique est morte, et pourtant – écriture automatique ou pas – ledit billet est en train de prendre forme sur un écran de PC tout seul, guidé par une force surnaturelle, qui tape nerveusement sur les touches avec les deux mains, oui oui! Preuve que ce n’est pas moi, parce que je n’utilise encore que les doigts de ma main droite ce qui fait qu’il faudrait peut-être évaluer le travail fourni de mon vivant en le multipliant par deux.

Ici Beyrouth a été lancé le 22 novembre 2022, jour de l’indépendance du Liban, symboliquement porteur d’un message de libertés et d’affranchissements sur tous les plans. Je ne savais pas alors que j’allais tomber en addiction pour ce média, au point de passer mes jours et mes soirées scotchée devant l’écran de mon ordi, et ne m’autoriser que les quelques heures de sommeil réparateur pour recharger mes batteries et recommencer.

Pourquoi "Omar m’a tuer"? Pour une double raison. Tout d’abord parce que c’est le prénom de notre webmaster à la baguette magique (belle coïncidence!) qui officie pour nous faciliter la vie et aussi parce que cette faute graphique va titiller mon amie chargée du "editing" atteinte d’un TOC (trouble obsessionnel compulsif) tellement avancé qu’elle en est arrivée à ne plus pouvoir lire un roman parce qu’elle "ne lit que les coquilles". Alors ce "er" à la place de "ée" va l’achever! Mais tel n’est pas mon but. Mon but (du moins celui de mon fantôme puisque je suis officiellement morte d’épuisement) est d’écrire une lettre d’amour à la grande famille d’Ici Beyrouth.

Il est vrai que je suis devenue invisible, mais les voies du marionnettiste qui guide mes dix doigts sont tout à fait pénétrables, voire palpables, n’étaient-ce les gestes barrières qui interdisent ce genre d’effusions. Et puis ces abréviations au sein du site ne sont pas pour déplaire aux sexas.

"Il est déjà sur SM!" Déjà? Sado-maso? M’enfin! Vous brûlez les étapes, il s’agit de "Social Media" qui n’est pas moins générateur de troubles…

"En plein montage sur PD"… PD? Non non n’allez surtout pas croire que nous nous livrons à des (d)ébats érotiques dans ce média qui a certes les idées larges, mais dans les limites de la bienséance. PD veut dire "Photo and Design". Puis, quand tout est uploadé, légendé, nickelé, on appuie sur la touche (se) soumettre (à la connexion Internet) pour que le miracle opère.

Oui, Ici Beyrouth m’a tuer. L’arme du crime est, du reste, particulièrement originale. Je n’aurais jamais imaginé qu’un programme installé sur un PC pouvait être fatal.  Sa capacité de nuisance se traduit par la place qu’il prend sur un ordinateur. C’est du heavy metal dans le vrai sens du terme. Quel est le nom du meurtrier? Adobe Premiere! Il est si puissant qu’il vous met des baffes via écran si vous commettez des erreurs. Et puis gare à la punition: il faut recommencer cent fois le même exercice de zéro. Facile à recopier certes, mais avec les souris qui vous filent des doigts (de la main droite, c’était avant ma mort), c’est à se demander si elles étaient lubrifiées uniquement pour vous piéger.

Ici Beyrouth m’a tuer d’amour. C’est ce que l’entité qui s’adresse à vous écrit noir sur blanc. Cette belle déclaration, je l’adresse à cette équipe de résistants qui forment une famille soudée, aimante et surtout bienveillante.

Et même si je reste la moins visible, pour mille raisons, je n’en demeure pas moins très proche de leur organe pulsé, qui se situe à 30 cm en dessous du menton, à gauche.

Mesdames, n’allez surtout plus à la recherche géographique du point G, c’est ici qu’il se trouve!

PS: Je m’en vais de ce pas poster ce papier sans passer par les cases "classiques". J’espère qu’il sera truffé de coquilles!