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Rideau est une adaptation en français par Walid Yaziji d’une pièce écrite en libanais par Maria Douaihy et mise en scène par Bruno Tabbal. La pièce se joue au du théâtre Le Monnot à partir du 18 janvier 2024.

Bruno Tabbal et Maria Douaihy partagent leur enthousiasme à l’idée de ce projet, Rideau, qui prend vie sur les planches.

Bruno relate le début de cette aventure: "Le projet est un texte très personnel écrit par Maria Douaihy. Joué il y a plus d’un an, il a marqué les planches du théâtre de l’ACT. Originellement en arabe, Maria souhaitait vivement le rejouer en français, pensant que cette langue apporterait une dimension supplémentaire au texte. Ainsi, elle a décidé de le faire adapter par Walid Yaziji, un ami commun à Maria et à moi. Il avait déjà écrit le script de Cocktail Maison en 2022, pièce que j’avais mise en scène."

Bruno ne tarit pas d’éloges en faisant allusion au texte: "Ce texte, à la fois profond et intelligent, n’est pas facile à interpréter. Sa mise en scène représentait un grand défi pour moi. Maria me contacte en été, me disant que le texte a été traduit en français par Walid Yaziji. Elle souhaite alors que je me charge de cette nouvelle mise en scène. J’étais enthousiaste dès la première lecture, admirant grandement le talent de Maria en tant qu’actrice. Elle avait sacrifié sa carrière pendant de nombreuses années pour ses enfants et sa famille. Maintenant que ses enfants sont plus indépendants, elle peut redonner vie à sa passion. C’est ainsi que la pièce Rideau est née et moins de deux semaines nous séparent de sa première représentation."

Bruno relève artistiquement les défis qui se présentent à lui: "Le défi principal de cette mise en scène était de créer une dynamique et un apport visuel captivants, pour accompagner un monologue d’une heure. Il est essentiel d’éviter un résultat statique ou monotone. C’est là que réside la complexité de travailler sur un monologue. Mon objectif était de proposer quelque chose de complètement différent, qui soutienne et propulse le texte dans une autre dimension."

Quant à la langue, elle se révèle source d’inspiration: "La pièce, maintenant en français, change radicalement. La langue ne se résume pas à des mots; elle incarne une culture. Avec Cocktail Maison, nous avons joué sur l’aspect franco-libanais. En revanche, dans Rideau, le français adopte une dimension plus universelle. Le défi consiste à personnaliser ce texte en français pour qu’il reflète la culture et la société du personnage, tout en conservant un caractère universel, malgré le fait qu’au Liban, le français n’est pas la langue principale. La pièce est intense, profonde et nuancée. Déjà riche en arabe, elle acquiert en français encore plus de dimensions et de couches. Je suis convaincu qu’elle plaira au public, car elle ne se contente pas de beaux moments ou d’images frappantes; elle explore en profondeur la douleur et un large éventail d’émotions."

Élaborant sur sa collaboration avec Maria Douaihy, Bruno Tabbal poursuit: "Ce n’est pas la première. Notre première collaboration remonte à l’époque de l’université. Ce lien avec Maria est donc sentimental et privilégié. J’ai toujours cru en son talent et c’est moi qui l’ai ramenée sur scène avec Cocktail Maison. Depuis, elle a joué dans plusieurs pièces, et je m’en réjouis car je sais qu’elle mérite d’être sur scène. Travailler à nouveau avec Maria était pour moi une démarche tout à fait naturelle, s’inscrivant dans la continuité de notre relation à la fois humaine et artistique."

À Maria Douaihy de poursuivre en mettant en relief la richesse de la langue française: "Pour moi, la langue française fait partie intégrante de notre identité. Nous l’avons apprise et pratiquée depuis notre enfance. Malgré l’usage moins fréquent de cette langue, particulièrement ces dernières années, elle demeure une part importante de notre héritage culturel. Contrairement à ce que certains croient, l’utilisation du français ne se limite pas à une certaine classe sociale. Auparavant, la plupart des gens préféraient l’anglais, mais le français a toujours occupé une place particulière dans mon cœur. Cette langue nous a beaucoup apporté, notamment dans notre perception de l’art, de la musique et du cinéma. Les œuvres que j’ai écrites en français diffèrent significativement de celles en arabe, offrant une richesse et une diversité d’idées plus étendues."

Pour Maria, "adapter un texte en français lui confère une dimension supplémentaire, offrant parfois une perspective humoristique ou poétique à des idées et des situations qui, dans leur forme originale, étaient peut-être plus sobres. Cette transformation en une autre personnalité linguistique est un aspect que j’ai particulièrement apprécié." Quant à l’impact du changement de langue et de l’adaptation de la pièce, initialement écrite en libanais, en langue française, elle remarque: "Le changement de langue transforme également les personnages, les rapprochant d’une réalité plus tangible. C’est pourquoi, en passant du théâtre en langue arabe au français, nous avons déplacé l’action, par exemple, d’un salon à une chambre à coucher, ajoutant de la dynamique et de la variation au jeu."

Mentionnant son expérience avec Bruno Tabbal, elle affirme: "Travailler avec Bruno, un ami de longue date avec qui je partage des affinités artistiques et humaines, et qui est d’ailleurs la première personne avec qui j’ai joué sur scène, a été une expérience très enrichissante. Il sait exactement ce qu’il veut et laisse une grande marge de liberté aux acteurs, offrant un espace considérable pour l’expression personnelle et l’improvisation. Je suis très enthousiaste à l’idée de cette expérience car j’ai hâte de découvrir comment, en changeant la langue, nous pouvons créer deux expériences radicalement différentes."

Marie-Christine Tayah

Instagram: @mariechristine.tayah

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