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La France a autorisé la publicité télévisée pour les livres à titre expérimental pendant deux ans, suscitant une vive controverse au sein de la filière du livre. Alors que le gouvernement défend cette mesure comme un moyen d’élargir le lectorat et de promouvoir la diversité culturelle, les professionnels du secteur craignent une fragilisation de l’écosystème de l’édition et de la librairie. Cette polémique met en lumière les défis auxquels est confrontée la filière du livre en France à l’ère du numérique et de la mondialisation.

La France a récemment publié un décret autorisant, à titre expérimental pendant deux ans, la publicité télévisée pour les livres. Cette mesure, qui vise à élargir le lectorat et à promouvoir la diversité culturelle, suscite toutefois une vive polémique au sein de la filière du livre.

Le Syndicat national de l’édition (SNE) a appelé mercredi le gouvernement français à abroger ce décret, craignant une fragilisation du secteur et un appauvrissement de la création littéraire au profit des best-sellers. Selon le SNE, cette mesure risque de déséquilibrer une filière qui se distingue par sa grande diversité.

Avant la publication du décret, le ministère français de la Culture avait organisé une consultation publique en janvier et février, dont les résultats n’ont pas été rendus publics. Antoine Gallimard, patron du groupe Madrigall, a fait part de sa surprise quant à la publication du décret, estimant que tout le secteur avait été pris de court.

Le ministère de la Culture affirme, quant à lui, que l’organisation patronale n’a pas répondu dans les délais impartis lors de la consultation, faute d’unanimité sur le sujet parmi ses membres. Le gouvernement français défend fermement cette expérimentation, qu’il compte mener jusqu’à son terme, avec pour objectif principal d’élargir le lectorat en promouvant le livre sur de nouveaux canaux.

Depuis la publication du décret, seules les éditions XO ont diffusé un spot publicitaire sur la chaîne de télévision française BFMTV. Cependant, le Syndicat de la librairie française, le Conseil permanent des écrivains (CPE) et la Fédération des éditions indépendantes (Fedei) ont également exprimé leur opposition à cette mesure.

Face aux inquiétudes exprimées par les libraires indépendants, le ministère de la Culture se veut rassurant, affirmant que cette mesure vise à élargir le nombre de lecteurs sans porter préjudice aux librairies. Le ministère souligne également que cette publicité permettra de toucher un public plus large, notamment les Français qui n’ont pas accès aux affiches promotionnelles dans les grandes villes ou qui ne lisent pas les médias destinés aux catégories socioprofessionnelles supérieures.

Cette polémique met en lumière les défis auxquels est confrontée la filière du livre en France à l’ère du numérique et de la mondialisation. Si le gouvernement souhaite moderniser les pratiques de promotion du livre, les professionnels du secteur, eux, craignent une déstabilisation de l’écosystème fragile de l’édition et de la librairie.

La France, pays réputé pour son amour des livres et sa riche tradition littéraire, se trouve ainsi au cœur d’un débat qui oppose la volonté de démocratiser l’accès aux livres et la nécessité de préserver l’équilibre d’un secteur qui repose sur une grande diversité d’acteurs. Les deux années à venir seront déterminantes pour évaluer les bénéfices et les risques de cette mesure controversée, qui pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la filière du livre en France.

Avec AFP

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