En collaboration avec L’École supérieure des affaires (ESA) et l’accélérateur Smart ESA, la Fondation Liban Cinéma lance avec le support de l’Union européenne un programme de formation à l’entrepreneuriat créatif pour les producteurs, ainsi qu’un fonds de soutien consacré aux films libanais.

La Fondation Liban Cinéma a lancé ce mercredi une initiative financée par l’Union européenne, visant à raviver la production cinématographique libanaise malgré les diverses crises au Liban. Cette initiative comprend deux volets. Le premier est un programme d’orientation et de formation, qui débutera ce mois de juin, dans l’optique de développer les capacités des producteurs libanais et de leur permettre de mener à bien leurs projets. Le second volet consiste en la création d’un fonds procurant un soutien financier à un certain nombre de films, et dont l’appel à projets sera lancé en novembre 2022.

Une formation à l’entreprenariat

Le premier volet de l’initiative consiste en un programme de formation et d’orientation gratuit en collaboration avec l’École supérieure des affaires (ESA) et Smart ESA. "Ce programme est destiné aux producteurs de cinéma et de médias ayant déjà produit des courts ou longs métrages ou d’autres projets audiovisuels, désireux d’acquérir de nouveaux outils et de développer leurs compétences entrepreneuriales afin de favoriser la réussite de leur projet", explique le communiqué de la Fondation Liban Cinéma.

Le directeur de Smart ESA, Selim Yasmine, indique dans ce communiqué: "Le programme part des similitudes entre la production cinématographique et l’entreprenariat. Il vise à fournir aux producteurs les outils adéquats financiers, juridiques, comportementaux, marketing et commerciaux, pour développer leurs projets de films, les "pitcher" et planifier leur fabrication."

Selim Yasmine

Il affirme en outre: "Smart ESA cherche à faire évoluer les entrepreneurs en fournissant des outils permettant de mieux gérer leurs projets et d’atteindre un succès stable." "Smart ESA a contribué à la création de plus de 40 start-ups et de 50 projets à travers une dizaine de programmes", ajoute-t-il.

Cinq producteurs ont été sélectionnés pour participer au programme d’orientation et de formation de quatre mois qui débute en juin et se termine en octobre. Tous porteurs d’un projet de long métrage en développement, les heureux choisis sont: Rosy Hajj avec le projet de fiction A Road to Damascus du réalisateur Meedo Taha; Christelle Younes avec la fiction The Sad Life of Happy Pig de Christy Whaiby; Gaby Zarazir pour le projet de fiction The Fifteen qu’il compte coréaliser avec son frère Michel Zarazir; Simon Soueid avec le projet de documentaire Sursock, an Everlasting Heritage qu’il va réaliser et produire; et Nicolas Khabbaz avec Don’t Worry, I’m Not Okay, le premier long métrage de Manon Nammour.

Le programme d’orientation des participants est assuré par un certain nombre de professionnels, notamment la productrice Française Gabrielle Dumon, de Bureau Films, le vendeur international Français Hedi Zardi, de Lux Box, et l’avocate spécialisée en droits d’auteur Christel Salem, en plus de formateurs de l’École supérieure des affaires (ESA).

La productrice Myriam Sassine qui supervise le programme, note: "Malgré ses grands succès, l’industrie du cinéma libanais n’a malheureusement pas été épargnée par les crises. La production cinématographique a beaucoup souffert du manque de moyens financiers, de l’ajournement des tournages et de la suspension de la distribution des films. Cela a engendré des pertes importantes pour les professionnels du secteur et entraîné la fuite de talents travaillant dans ce domaine, qui ont quitté le Liban en quête de nouvelles opportunités."

Myriam Sassine

Elle ajoute: "Il est vraiment regrettable que la production cinématographique soit devenue de plus en plus difficile dans les circonstances actuelles, alors que le Liban produit des films de haut niveau et réunit d’excellents réalisateurs et agents du secteur, qui réussissent brillamment partout dans le monde. C’est la raison pour laquelle cette initiative est essentielle, car la formation et le soutien des producteurs bénéficient également à de nombreux réalisateurs et films. Les producteurs sélectionnés apprendront de l’expertise de leurs mentors, mais aussi de leurs expériences mutuelles, ce qui aidera leurs projets en cours et futurs."

À la fin du programme, les cinq participants recevront un certificat de Smart ESA et de la Fondation Liban Cinéma. Le producteur lauréat recevra un prix de 5.000 euros, pour contribuer au développement de son projet, et tous les participants pourront bénéficier de dix heures de consultations individuelles.

Un fond de soutien exceptionnel

Le second volet de l’initiative lancée par la Fondation Liban Cinéma est la création d’un fond de soutien exceptionnel dédié aux longs métrages libanais et financé par l’Union européenne, dont l’enveloppe totale est de 75.000 euros. Ce fond est destiné à soutenir financièrement des films dans le but d’accélérer leur exécution. L’appel à candidatures sera lancé en novembre 2022 pour les longs métrages de fiction et documentaires qui sont en phase de production et de post-production. Un comité indépendant sélectionnera les projets qui bénéficieront de cette aide financière. Plus de renseignements sur ce fonds seront communiqués en novembre prochain.

La présidente de la Fondation Liban Cinéma, Maya de Freige, souligne: "La fondation, qui soutient depuis 2003 l’industrie cinématographique libanaise et la porte à un niveau international, cherche actuellement à conserver les précieux talents libanais et à leur redonner le désir et la capacité de créer, afin de permettre à cette industrie cinématographique florissante de se remettre sur pied. Dans un contexte de crise sans précédent, il est donc plus essentiel que jamais de lancer une nouvelle économie créative pour encourager cette industrie stratégique qui constitue un atout majeur à une intégration saine dans les circuits commerciaux et financiers de la mondialisation."

Maya De Freige

"La fondation a adapté ses activités de soutien dans l’optique de répondre efficacement aux difficultés existantes et envisage de répondre aux besoins à court terme, en coordination avec ses partenaires institutionnels, les professionnels et les entités influentes de la scène locale", poursuit-elle.

Maya de Freige souligne par ailleurs: "Outre les circonstances actuelles, le secteur audiovisuel au Liban souffre de l’absence de politiques adéquates visant à soutenir l’industrie créative en général et l’industrie du cinéma plus particulièrement." Et de conclure: "Le cadre législatif n’encourage pas la production ni la créativité, et entrave même parfois leur développement."