L’avocat de l’Association des Banques, Akram Azouri, a adressé une lettre ouverte au procureur général près la cour de cassation, le juge Ghassan Oweidat, portant sur la décision de Ghada Aoun d’interdire à cinq banques commerciales de transporter de l’argent (en liquide) à l’étranger.

Dans sa lettre, Me Azouri en appelle au procureur de la République en tant que chef du ministère public pour arrêter l’exécution de la décision rendue par la procureure près la cour d’appel du Mont-Liban Ghada Aoun en date du 24/03/2022, demandant aux douanes d’empêcher cinq banques de transporter vers l’étranger de l’argent liquide, et ce à la demande d’un groupe baptisé "Le peuple veut réformer le système".

Me Azouri souligne que la décision de Ghada Aoun représente " un abus de pouvoir parce que la loi ne confère pas à un procureur le pouvoir de limiter la liberté d’envoi d’argent en espèces par les banques et les sociétés autorisées à exercer cette activité, ni de prendre une quelconque mesure qui viole la liberté de transporter l’argent à l’étranger ".

" Cette mesure affecte le coeur de l’activité bancaire et change le principe de la liberté de transfert d’argent et la liberté de commerce que le Liban a adoptée depuis sa création. Elle relève exclusivement de la compétence de l’autorité législative ", précise Akram Azouri. " Elle aura également pour conséquence la poursuite de la détérioration du taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar; elle isolera les banques libanaises de leurs correspondants et détruira la confiance qui subsiste dans le secteur bancaire ", souligne la lettre de Me Azouri.

De son côté, Ghada Aoun a publié un communiqué dans lequel elle a tenté d’apporter "des clarifications sur ce qui circule dans les médias concernant l’interdiction de transfert de fonds en cash à l’étranger ".

" Je tiens à souligner que cette décision ne concerne que les actifs des cinq banques qui ont fait l’objet d’une décision d’empêcher la cession et l’usage des avoirs des présidents et des membres des conseils d’administration. Cette décision n’est pas liée au transfert de fonds pour l’achat de nourriture, la couverture de soins médicaux, elle n’est pas liée au transfert d’argent aux étudiants, ainsi que chaque transfert justifié par des besoins spéciaux". Mme Aoun s’abstient évidemment d’évoquer l’impact destructeur de ses gesticulations médiatiques et populistes sur l’activité économique et bancaire, et donc sur les intérêts les plus élémentaires des citoyens dans leur vie quotidienne….