L’Association des banques au Liban (ABL) a réagi vendredi à la décision rendue jeudi par la procureure près la cour d’appel au Mont-Liban, Ghada Aoun à l’encontre de six banques commerciales, qui détiennent 60% de part de marché, enjoignant aux douanes de leur interdire de transférer des fonds à l’étranger (transport de devises en cash à l’étranger). Cette décision intervient après une série d’autres décisions arbitraires qu’elle a prononcées à l’encontre du secteur bancaire et ce, en abusant de ses pouvoirs et sans aucune base légale.

Dans un communiqué publié vendredi, l’ABL a souligné que les billets transférés par les banques " alimentent leurs comptes à l’étranger, leur permettant d’exécuter leurs obligations, notamment celles résultant de l’ouverture de crédits à l’importation ". " Lorsque le commerçant ouvre un crédit auprès de la banque, celle-ci, à son tour, est obligée envers la banque correspondante de payer le crédit qui est alloué pour le versement du prix des marchandises importées. A l’échéance du crédit, le commerçant libanais remet les billets à la banque en règlement de sa dette et la banque, à son tour, les expédie à l’étranger pour alimenter ses comptes et garantir le paiement de ses obligations, notamment celles résultant de ces lettres de crédits ", explique le texte en ajoutant: " Ceci s’applique également et selon le même système aux transferts commerciaux et non commerciaux, y compris ceux qui se rapporte au dollar étudiant ".

Face au tollé provoqué jeudi par sa décision, Ghada Aoun avait essayé d’en atténuer les effets en assurant que l’interdiction n’affectera pas les transferts destinés aux étudiants, ce qui dénote, au vu des explications de l’ABL, une méconnaissance totale, de sa part, du fonctionnement des établissements bancaires et de l’impact de ces décisions.

" Pour simplifier, explique encore le communiqué, empêcher les établissements bancaires de transférer des billets signifie, dans la pratique, que les six banques ne pourront plus alimenter leurs comptes auprès des établissements de crédit correspondants et exécuter leurs obligations envers elles, ce qui conduit à fermer les comptes des banques libanaises concernées et à empêcher les importations ".

L’ABL s’est interrogée sur le point de savoir si une telle décision sert réellement les intérêts des déposants et celle de l’économie. "N’est-il pas temps de mettre un terme aux décisions qui reflètent un manque de connaissance de l’activité bancaire et de son rôle dans l’économie nationale ? N’est-il pas temps de mettre un terme au mépris total de la loi ? Les déposants seront les premiers à être lésés parce qu’ils ne pourront pas obtenir leurs droits si les banques et le pays s’effondrent", conclut le communiqué.