Le Premier ministre sortant Najib Mikati a déclaré dimanche soir, lors d’un entretien accordé à la chaîne télévisée libanaise LBCI, qu’il " réunira bientôt le Conseil des ministres pour débattre de certains points ", précisant cependant " qu’il ne conviera pas le gouvernement démissionnaire à se concerter sur des questions d’ordre financier ".

La formation d’un nouveau gouvernement

Interrogé au sujet du blocage gouvernemental, Najib Mikati n’y est pas allé par quatre chemins, accusant ouvertement l’ancien président de la République Michel Aoun et son gendre, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, d’avoir entravé ses tentatives de former un nouveau gouvernement. " Mes conversations avec l’ex-président étaient toujours enregistrées, et la salle dans laquelle nous nous réunissions était truffée de micros. Je défie le président de l’ombre (Gebran Bassil, NDLR) de les rendre publics afin que les Libanais sachent qui bloquait réellement la formation d’un nouveau cabinet ", a-t-il révélé.

L’élection présidentielle

Abordant la question de l’échéance présidentielle, le Premier ministre sortant a appelé les parlementaires " à participer aux séances électorales pour qu’un nouveau chef de l’État puisse être élu au plus tôt ". " Si nous ne parvenons pas à un semblant d’entente nationale, nous ne pourrons pas compter sur l’aide de la communauté internationale. D’ailleurs, un chef d’État étranger m’a assuré que tant que les Libanais se livrent à des clivages internes, la communauté internationale refusera de leur venir en aide ".

Se penchant sur les différentes candidatures présumées à la présidence, il n’a pas hésité à réitérer son soutien à celle de l’ancien ministre et député Sleiman Frangié, qui selon lui " sera capable de jouer le rôle de médiateur entre les différents partis politiques ". " Sleiman Frangié est une personnalité qui pourra rassembler les Libanais et qui sera le garant de la Constitution. Il entretient aussi de bonnes relations avec les pays arabes ", a-t-il ajouté.

Le dossier de l’électricité

Dès que le dossier de l’électricité a été mentionné durant l’entretien, Najib Mikati s’est empressé d’expliquer que la Banque mondiale avait demandé au Liban de revoir les tarifs de l’électricité et de lancer un appel d’offres pour constituer une autorité de régulation de cinq membres. " Le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad a alors décidé de son propre chef qu’il en fallait six. J’ai dû lui adresser une lettre pour l’informer que cela contredisait les décrets ministériels ", a-t-il déploré. Et d’ajouter: " Le CPL a l’art de bloquer les décisions gouvernementales qui ne sont pas conformes à son agenda ".

Le chef du gouvernement démissionnaire a par ailleurs estimé que le Liban recevra " très prochainement de l’électricité de Jordanie, mais que l’approvisionnement en gaz prendra plus de temps ". Et de souligner: " La compagnie algérienne Sonatrach est prête à alimenter le Liban en pétrole. Une réconciliation officielle aura lieu avec Sonatrach au cours de la semaine prochaine pour remédier aux problèmes judiciaires qui ont eu lieu ".

Le décret de naturalisation

Évoquant ensuite les rumeurs qui circulent concernant le décret de naturalisation, le Premier ministre sortant a précisé que " l’ancien président tenait à naturaliser 5.000 personnes ". Une requête que M. Mikati a refusé – bien que cette prérogative appartienne au chef de l’État – " puisque cette décision aurait altéré la démographie du pays ".

Les réfugiés syriens

Najib Mikati a en outre confié s’être réuni avec le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, David Beasley, lors de sa dernière visite à Charm el-Cheikh en Égypte. " Je lui ai demandé de répartir les aides alimentaires de manière équitable entre Libanais et réfugies syriens. Ces derniers recevaient 70% des donations, alors que les Libanais n’en recevaient que 30% ", s’est-il indigné.

La Coupe du monde de football

Interrogé sur la possibilité de retransmettre les matches de la Coupe du monde de football sur la chaîne télévisée publique, Télé Liban, M. Mikati a confirmé que " l’État libanais n’avait pas les moyens de payer la somme de 4 millions de dollars requise pour ce faire. J’ai pensé demander au Qatar de nous offrir les frais de retransmission, mais je ne voulais pas que cette demande cause de l’embarras ". Et de poursuivre: " La plupart des Libanais sont en train de suivre la Coupe du monde de football à partir de leurs téléphones portables ".

Le Premier ministre a enfin profité de l’occasion pour mettre un terme aux rumeurs l’accusant de posséder des actions auprès de la chaîne satellitaire beIN (détentrice des droits de diffusion des matches). " Je ne suis pas actionnaire de cette compagnie. Je voudrais dire à ceux qui me reprochent de ne pas payer le montant requis de ma fortune personnelle, que j’ai d’autres priorités ", a-t-il conclu.