Le représentant du pape souligne la nécessité pour les dirigeants libanais d’aborder une " une approche qui va au-delà des intérêts égoïstes des individus et des groupes " 

Le secrétaire pour les rapports avec les Etats de la secrétairerie d’État du Saint-Siège, Mgr Paul Richard Gallagher, a plaidé pour une " bonne gouvernance " et une " véritable démocratie " au Liban, dans une perspective de sortie de crise, jugeant indirectement que l’aide internationale ne suffit pas seule à tirer le pays des difficultés économiques et financières dans lesquelles il est plongé.

" La communauté internationale doit certes aider le Liban à sortir de l’impasse économique dans laquelle il se trouve, mais il faut aussi un renouveau et des réformes internes, combinés à une réelle attention au bien commun, à l’engagement en faveur d’une approche qui va au-delà des intérêts égoïstes des individus et des groupes ", a affirmé le prélat dans son intervention mercredi à l’ouverture du symposium organisé à l’Université Saint Esprit de Kaslik (USEK) sur le thème : " Jean-Paul II et le Liban-message ".

" La division ainsi que l’impasse politique et économique peuvent être surmontées grâce à une véritable démocratie dont les éléments sont le dialogue, l’unité, le consensus et la primauté du bien commun ", a-t-il dit, en soulignant les " souffrances " du peuple libanais. " Tout le monde peut le voir : la pauvreté augmente, de nombreuses familles n’ont pas accès à leurs comptes bancaires, les écoles, les universités et les hôpitaux souffrent d’un manque de financement ", a-t-il déploré.

Mgr Gallagher s’est étendu dans son discours sur l’attention particulière que le pape St Jean-Paul II accordait au Liban, " qu’il considérait comme un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident ", définissant, selon lui, l’identité libanaise. Le responsable pontifical a plaidé pour la préservation de cette identité, estimant que " la liberté et le pluralisme au Liban ne sont pas une utopie ou quelque chose à atteindre ou à défendre, mais des réalités à encourager pour construire un pays plus uni et plus solidaire ".

Un juste équilibre

" L’unité dans le vivre ensemble qui respecte les droits de tous les citoyens dans ses différents contextes religieux et socioculturels, est une caractéristique originale de son identité qui pourrait devenir un exemple pour la région du Moyen-Orient et pour le monde entier ", a poursuivi Mgr Gallagher. Il a mis l’accent dans ce contexte sur " l’importance d’un juste équilibre entre les forces vives de la nation, au niveau des responsabilités et des prises de position " qui représente, à ses yeux, " la première condition de tout processus véritablement démocratique ".

A ce sujet, le prélat a averti que " l’équilibre entre le processus démocratique et la responsabilité des individus, ainsi que le dialogue et éventuellement les compromis entre les différents groupes, ne doivent jamais permettre aux intérêts ou aux privilèges d’une partie déterminée de prévaloir ou d’être imposés par quelque moyen que ce soit ". Et d’expliquer : " La poursuite d’intérêts partisans n’aidera jamais le Liban. Au lieu de cela, l’activité politique considérée comme un service à la nation aidera le pays du Cèdre à grandir tout en conservant son pluralisme. Je crois que c’est ce que le peuple libanais attend du résultat des prochaines élections législatives ".

A Bkerké

Avant de prendre part au symposium, Mgr Gallagher s’était rendu en compagnie du nonce apostolique, Joseph Spiteri, auprès du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, et avait pris part à la réunion mensuelle du Conseil des évêques maronites. A la presse, il a affirmé que ses entretiens au Liban lui ont permis de se " connaître la vérité " concernant la situation qui y prévaut, qu’il compte communiquer ses observations au pape François et qu’il retourne au Vatican avec " une idée plus claire sur les difficultés constatées, le rôle de l’Eglise à l’avenir et les perspectives d’aide futures ".