Le député du Metn et président de la commission des Finances et du Budget de l’Assemblée nationale libanaise, Ibrahim Kanaan, ne cache pas ses appréhensions de voir le projet de budget de 2022 adopté sans une vision économique de sauvetage.

Le député Ibrahim Kanaan, l’un des principaux pôles du Courant patriotique libre (CPL), est l’homme du moment, puisqu’il est le président de la commission parlementaire des Finances et du Budget, et à ce titre, il est chargé d’étudier le projet de budget adopté par le Conseil des ministres, pour le soumettre au vote du Parlement.

Une augmentation de taxes injustifiée

Le député maronite du Metn est loin d’être à sa première étude de budget. Cependant, le budget de 2022 lui donnerait du fil à retordre, vu le volume des taxes imposées qu’il estime injustifiées et qu’il attribue à " une absence de vision économique " et à un " manque de responsabilité " de la part du pouvoir exécutif.

Confirmant n’avoir toujours pas reçu le projet de budget de manière officielle, M. Kanaan affirme que la commission des Finances et du Budget a pour rôle de le " disséquer " et de proposer des modifications et / ou des recommandations. " Le Parlement ne peut pas créer de visions, car c’est au gouvernement de le faire. En tant que député, je peux faire des propositions, mais je ne peux pas prendre de décisions. Cette prérogative relève des compétences de l’Assemblée nationale et l’exécution de celle du gouvernement ", précise-t-il.

D’autre part, Ibrahim Kanaan assure qu’il fera tout son possible pour que le projet de budget, largement impopulaire, soit adopté, malgré toutes les contraintes qu’il présente.

Par ailleurs, M. Kanaan confie que l’évolution des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) ne porte pas particulièrement à l’optimisme. Il explique d’ailleurs qu’ "on parle beaucoup de réformes, sans qu’il n’y ait d’exécution ".

Un pouvoir exécutif à réformer

Le député du CPL n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur l’exécutif qu’il accuse de " ne pas respecter les lois, les décisions et les recommandations des commissions parlementaires ", ce qui nécessite à ce niveau " une réforme radicale et existentielle ".

Plus encore, M. Kanaan souligne que le peuple a subi pendant des décennies les politiques déplorables pratiquées par l’exécutif et, de ce fait, il est inconcevable, voire " révoltant ", de lui faire assumer les pertes de l’État libanais, lequel doit, lui, en assumer la responsabilité.

Un sentiment légitime de ras-le-bol général

M. Kanaan reconnaît l’existence d’un ras-le-bol général ressenti par le peuple libanais à l’égard des partis politiques traditionnels et vis-à-vis de ses conditions de vie. Ce sentiment de ras-le-bol est " légitime ", souligne-t-il. " Les gens veulent des politiques qui soient en phase avec leurs soucis quotidiens prioritaires ", indique-t-il.

Nombreux sont ceux qui pensent que ce sentiment de ras-le-bol général est souvent dirigé contre le CPL et contre son chef, Gebran Bassil. Une thèse réfutée par M. Kanaan. " Le CPL n’est ni le mouvement de Gebran Bassil ni un mouvement personnel, relève-t-il. C’est un Courant qui a beaucoup œuvré pour le pays. Il a joué un rôle dans la libération du Liban, travaillé sur des réformes, proposé plus de 200 projets de lois à travers les années etc. " Et d’ajouter : " Le mandat du président de la République, Michel Aoun, fondateur du CPL, n’est ni un succès total ni un échec total, car il a dû faire face à de nombreuses épreuves depuis 2019 ".

Cependant, Ibrahim Kanaan refuse d’attribuer la responsabilité de l’échec de la classe dirigeante actuelle à une personne ou à un camp politique déterminé. " Tout le monde est responsable et ne l’est pas à la fois. D’où l’importance d’avoir un pouvoir exécutif formé d’une majorité et d’une opposition minoritaire pour renforcer le contrôle et le sens de responsabilité ", souligne-t-il.