La visite de deux représentants du Trésor américain, Paul Ahern et Eric Meyer, aurait pour principal but " de réaffirmer l’importance de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, deux pratiques courantes au Liban" , rapporte une source proche des milieux diplomatiques.

Une délégation du Trésor américain, accompagnée par l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, s’est rendue lundi après-midi au Sérail pour rencontrer le Premier ministre Nagib Mikati, ainsi que le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui.

" La visite des représentants du Trésor US, Paul Ahern et Eric Meyer, au Premier ministre a été une occasion pour se pencher sur les sujets relatifs au secteur bancaire, à savoir les processus de gouvernance financiers et de transparence; ainsi que pour saluer les efforts de M. Mikati qui milite pour la mise en œuvre de réformes financières et administratives ", indique une source gouvernementale informée.

En revanche, l’entrevue des émissaires du Trésor avec M. Maoulaoui était plutôt axée sur nombre de dossiers, notamment " la lutte contre la criminalité (sous toutes ses formes), le financement du terrorisme, le trafic de drogue et la contrebande ". Les préparatifs liés aux élections législatives prévues en mai 2022 ont aussi été abordés, comme l’a souligné le communiqué publié par le bureau de presse du ministre de l’Intérieur.

Les émissaires américains quant à eux ont refusé de donner de déclarations officielles à la presse sur la teneur de leurs entrevues avec MM. Mikati et Maoulaoui. Néanmoins, ces réunions semblent a priori s’inscrire dans le cadre des propos tenus par le sous-secrétaire au Trésor américain pour le terrorisme et le renseignement financier, Brian Nelson, en décembre dernier. Celui-ci avait pressé le secteur bancaire libanais, au cours d’une visioconférence avec l’Association des banques du Liban (ABL), d’être plus diligent et plus rigoureux dans l’identification des personnalités politiquement exposées (PPE) sous peine de s’exposer lui-même à des sanctions en cas de défaillance à ce niveau. Il avait aussi souligné la responsabilité des banques et de l’État libanais dans la lutte contre la corruption endémique qui sévit dans le pays.

A titre de rappel, la secrétaire adjointe au Trésor US chargée du financement du terrorisme et des crimes financiers, Elizabeth Rosenberg, avait pointé du doigt en février la corruption, responsable selon elle de l’effondrement économique et financier du Liban. Mme Rosenberg avait aussi ajouté que la corruption, autant que le financement du terrorisme, menacent le système financier international. Elle avait d’ailleurs évoqué l’évasion fiscale sous toutes ses formes, ainsi que les différentes opérations de blanchiment d’argent, en relevant deux éléments principaux qui relient tous les actes de corruption: la menace qu’ils représentent pour les sociétés et la possibilité de les contrer.

Par ailleurs, la responsable américaine avait relevé l’importance d’une action collective pour combattre la corruption et en avait profité pour rappeler que l’Administration du président Joe Biden en a fait son cheval de bataille, en lançant en décembre dernier la toute première stratégie des États-Unis en matière de lutte contre la corruption. " Cette lutte est une priorité pour le département américain du Trésor ", avait-t-elle ajouté, en soulignant de nouveau la " responsabilité des banques à ce niveau ".