Un membre de la délégation libanaise qui prend part aux négociations indirectes à Naqoura au sujet de la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël a rejoint la position du chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohamad Raad, qui préfère garder cette richesse enfouie dans les profondeurs, du fait des propositions du médiateur américain Amos Hochstein pour la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël.

La partie libanaise n’a pas paru emballée par la proposition américaine qui, selon les études et les estimations faites par le membre de l’Autorité de gestion du secteur du pétrole Wissam Chbat et le chef du bureau hydrographique de l’armée le lieutenant-colonel Afif Ghaith, prive le Liban de la possibilité de disposer librement du champ de Qana situé dans le bloc 9 libanais et le bloc 72 israélien, et le dépossède d’environ 300 kilomètres carrés dans la zone disputée entre les lignes 1 et 23 dont la superficie s’étend sur 860 kilomètres carrés et les place sous le contrôle des Israéliens.

En d’autres termes, la ligne maritime sera déviée vers le sud au niveau du bloc 9 et vers le nord au niveau du bloc 8 afin qu’elle rejoigne la ligne Hof, ce qui signifie que de grandes parties du bloc 8 libanais passeront sous contrôle israélien. Or depuis 2015, les rapports font état de la possibilité de trouver des réserves gazières dans ce bloc 8, ce qui favorise la partie israélienne et lui donne la liberté de disposer du champ gazier de Karish.

Partant, quelle sera la réaction libanaise face à cette réalité ?

Des sources indiquent que deux choix s’offrent au président de la République qui parraine tout le processus des négociations et procède à l’étude de la proposition de Hochstein, à savoir, soit rejeter en bloc la proposition, soit y apporter des modifications. Des personnes proches du dossier estiment que la balance penchera en faveur de la seconde option, tout en soulignant la nécessité de relancer les négociations indirectes d’autant que le président Aoun ne souhaite pas contrarier les Américains durant cette période. C’est la raison pour laquelle il renverra la balle dans leur camp et celui des Israéliens en attendant le retour de Hochstein avec une mouture plus aboutie.

En outre, le président Aoun tente d’associer le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Nagib Mikati à cette décision à l’occasion d’une réunion à Baabda au cours de laquelle la réponse sera rédigée. Cependant, M. Berry se montre rétif et préfère laisser cette question au président Aoun tout en rappelant qu’il reste engagé au niveau de l’accord cadre qu’il a annoncé à Aïn el Tiné et qu’il n’est pas disposé à renoncer à la moindre goutte des eaux libanaises et de leurs richesses.

La position de Nabih Berry reste proche de celle du Hezbollah qui semble s’opposer catégoriquement à la médiation américaine, ce qui cristallise les peurs de voir cette médiation reportée au lendemain des élections législatives et présidentielle.