Fouad Siniora n’a pas finalement tort. L’ancien Premier ministre s’engage à fond dans la bataille électorale, en dépit des instructions contraires du chef du Courant du futur Saad Hariri, pour ne pas laisser le Hezbollah combler le vide laissé par le désengagement politique du leader sunnite. Pour lui, l’échéance électorale du 15 mai est cruciale parce qu’elle peut être déterminante pour le sort d’un Liban entraîné malgré lui dans l’axe iranien. Elle l’est aussi pour le Hezbollah, justement parce qu’elle lui permettra, s’il parvient à arracher la majorité à la Chambre, de consacrer le maintien du pays dans l’axe iranien, à travers des amendements constitutionnels redoutés par Fouad Siniora.

S’exprimant lors d’une réunion avec les cadres de sa formation, Hassan Nasrallah a affirmé que "la bataille du Hezbollah est celle de ses alliés", en expliquant cette insistance à soutenir son allié chrétien, le Courant patriotique libre (CPL, aouniste), par l’importance "charnière" de l’échéance électorale. Une explication qui renvoie aux craintes exprimées par Fouad Siniora dans ses cercles privés. "Notre objectif est de gagner et pour gagner nous devons être présents à toutes les échéances. (…) Ces élections sont charnières et représentent l’une des batailles politiques les plus importantes et les plus dangereuses, dont les résultats détermineront le reste des batailles", politiques, a déclaré le leader chiite.

Dans cet ordre d’idées, le chef du Hezbollah a insisté sur la nécessité de relever le niveau de participation au scrutin, "même s’il faut pour cela visiter les électeurs chez eux". "L’objectif, a poursuivi Hassan Nasrallah, n’est pas d’assurer la victoire des candidats du parti mais d’obtenir des quotients susceptibles de consolider la situation de nos alliés à Jbeil, dans le Kesrouan, dans le Chouf, à Aley et dans toutes les circonscriptions. Nous voulons que nos alliés gagnent, parce que la bataille n’est pas dirigée seulement contre nous mais cible aussi nos alliés à qui on veut arracher des sièges".

Le chef du Hezbollah n’a pas abordé la question des listes électorales, mais a assuré que "jusqu’à nouvel ordre, aucune promesse n’a été faite pour accorder des voix préférentielles aux alliés, pour ne pas léser d’autres colistiers".