Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï a stigmatisé la cabale judiciaire de la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, contre le secteur bancaire, mais sans citer la magistrate.

"Nous nous demandons à qui profite la dernière mesure qui consiste à mettre sous scellées une banque au même titre que d’autres mesures qui font que la justice est devenue un outil populiste, " s’est-il interrogé dans l’homélie qu’il a prononcée à l’issue d’une messe célébrée vendredi au Collège Saint Joseph à Aintoura, à l’occasion de la Saint Joseph, fête de son saint patron, en présence du nonce apostolique Joseph Spiteri.

Mgr Rai qui a souligné son " attachement à la justice et à son indépendance ", a ajouté : " Il ne fait aucun doute que ces procédures nuisent aux déposants d’abord et au système bancaire ensuite. Les banques doivent traiter les déposants humainement et équitablement, mais les autorités doivent elles aussi agir avec sagesse et sans esprit de vengeance afin de préserver ce qui reste du système financier au Liban ".

" Il est regrettable que la plupart de ces procédures judiciaires ne rentrent pas dans le cadre de la sécurisation de l’argent des déposants, mais plutôt dans le cadre d’un règlement de comptes politique en cette phase électorale, d’autant plus que certains ont manifesté leur intention de détruire le système bancaire libanais, " a-t-il dit mais sans donner plus de précisions.

Mgr Raï a évoqué ensuite les législatives dau 15 mai. " Nous voulons des députés porteurs d’une idéologie souveraine et indépendante, qui résistent à toute hégémonie, tutelle ou occupation, qui proposent des projets de neutralité et de décentralisation élargie ", a-t-il déclaré. Ces députés devraient également " contribuer aux efforts visant à tenir une conférence internationale pour le Liban, exiger un État civil, rejeter les armes -qu’elles soient libanaises ou pas- qui échappent au contrôle de l’Etat et inspirer confiance aux communautés arabe et internationale ", a-t-il ajouté, estimant que ces élections " constituent un tournant vers une nouvelle réalité et ravivent l’espoir chez les Libanais ". Ces derniers, a-t-il poursuivi, devraient " mettre cette échéance constitutionnelle à bon usage pour réaliser le changement positif réclamé par le peuple et attendu par les amis du Liban ".

" Nous voulons que les députés suivent l’enquête sur l’attentat du port de Beyrouth ", a encore affirmé Mgr Raï en ajoutant : " Nous n’avons pas le droit d’oublier le crime du siècle, les victimes tombées, les blessés, la destruction de Beyrouth et sa banlieue, et les dommages causés au rôle du Liban et à son activité commerciale et économique ".