À quelques jours des élections législatives du dimanche 15 mai, des sources bien informées à Tripoli ont dévoilé, sur base d’un travail d’investigation, l’existence de liens étroits entre le candidat et hommes d’affaires franco-libanais Omar Harfouche et le Courant patriotique libre de Gebran Bassil.

Selon la source en question, M. Bassil n’a annoncé aucune candidature dans la circonscription Nord II (Tripoli-Denniyé et Minié), forçant de ce fait le candidat maronite affilié au CPL, Joe Bou Nassif, à se retirer de la bataille après avoir échoué à se greffer sur l’une des 11 listes formées. Ainsi, Bou Nassif devient la "victime" collatérale du stratagème que M. Bassil a pris soin de mettre en place afin d’infiltrer Tripoli et ses environs.

Le chef du CPL sait pertinemment que ses chances électorales à Tripoli sont nulles. De ce fait, les observateurs qui suivent de près le déroulement des élections affirment que M. Bassil a décidé de mener la bataille à Tripoli, Denniyé et Minié à distance et par procuration, sans avoir à débourser le moindre centime, à travers la liste "la IIIᵉ République" menée par Omar Harfouche, qui assure tous les frais de la campagne.

En outre, il est de notoriété publique que Omar Harfouche a rencontré, au début, des difficultés à constituer sa liste. De nombreux candidats avaient refusé de s’allier à lui, ce qui ne l’a pas empêché de se dépêcher d’annoncer soudainement sa liste, bien qu’incomplète. Des activistes proches du CPL déclarent que "cette liste était clairement cousue de fils oranges", puisqu’elle compte, selon eux, "trois candidats proches ou affiliés au CPL, qui contrôle désormais la liste ‘la IIIᵉ République’, vu qu’il peut à tout moment retirer ses candidats et torpiller cette dernière".

Selon certains observateurs, la relation entre Omar Harfouche, le Courant patriotique libre et le député Gebran Bassil est un secret de polichinelle. Elle se traduit par une série de rencontres tenues avec des représentants du Courant orange dans les régions de la circonscription Nord II, ainsi que par les conseils électoraux dispensés à la liste à laquelle les aounistes participent.

Cette relation entre les deux parties s’est même traduite par le fait que la procureure Ghada Aoun a été invitée par M. Harfouche à Paris pour participer à un colloque au Sénat français, au début du mois d’avril. Cette invitation avait d’ailleurs surpris les Libanais, qui se sont demandés comment un procureur de la République qui instruit des dossiers sensibles au sujet desquels la société libanaise est divisée, accepte l’invitation à Paris d’un candidat aux élections législatives et s’affiche avec lui et le remercie.

Partant, la tentative de M. Bassil d’infiltrer Tripoli a révélé que la crise politique actuelle du CPL à Tripoli ne sera pas résolue par des ruses électorales ou par le recours à un cheval de Troie, de l’acabit d’Omar Harfouche.

Si l’on observe les agissements de ce personnage, ses liens avec le pouvoir deviennent évidents. Non seulement Harfouche affiche son soutien inconditionnel au Hezbollah et à ses armes, mais il collabore avec Ghada Aoun.

Les Tripolitains ont démasqué les nombreuses manœuvres et écrans de fumée de Omar Harfouche. Ce dernier a annoncé une visite en Arabie Saoudite, alors qu’il y était rendu comme interprète, puis a annoncé une réunion au Sénat français alors qu’il avait simplement loué une salle au Sénat, sans plus.