L’Iran a confirmé des frappes " aux drones et aux missiles " ce lundi contre des factions armées basées au Kurdistan irakien, de longue date dans la ligne de mire de Téhéran. Au moins une personne a été tuée et huit ont été blessées.

" Cinq missiles iraniens ont visé un bâtiment du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) ", a indiqué à l’AFP Tariq al-Haidari, maire de Koysanjaq, ville située à l’est de Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien (nord), limitrophe de l’Iran. Fin septembre, au moins 14 personnes ont été tuées et 58 blessées dans des bombardements iraniens, selon les forces antiterroristes du Kurdistan d’Irak. Après cette frappe meurtrière, les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont affirmé qu’ils allaient poursuivre leurs attaques contre ces factions.

 

Kurdes iraniens

C’est dans cette localité que se trouvait une antenne du PDKI, farouchement opposé au pouvoir iranien. " Il y a un mort et huit blessés. Il s’agit de Kurdes iraniens ", a détaillé le ministère de la Santé de la région autonome du Kurdistan d’Irak. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré des panaches de fumée noire s’élever dans le ciel, peu après les frappes.

Au même moment, " quatre frappes de drones " ont visé des bases du Parti communiste iranien et du groupe nationaliste kurde iranien Komala dans la région de Zrgoiz, également au Kurdistan d’Irak, a expliqué Atta Seqzi, un des chefs de Komala, joint par l’AFP. D’après lui, les militants ont été " prévenus de l’imminence des frappes " et ont évacué les installations. " Il n’y a ni mort, ni blessé. "

Un missile n’a pas explosé au moment de l’impact, mais les autres projectiles ont " endommagé " les bâtiments visés, selon lui. En Iran, une source militaire iranienne a confirmé des attaques avec " des missiles et des drones " contre " des sièges des partis terroristes dans la région nord de l’Irak ".

 

Le 30 septembre dernier, l’Iran frappait également le Kurdistan irakien. Quand les bombardements ont commencé, l’infirmière Rezane Hassan s’est retrouvée dans une ambulance pour aller aider les blessés. Elle ne savait pas que son fiancé, un combattant des factions d’opposition kurde iranienne, serait parmi les victimes. (AFP)
Révolution Amini

Ces attaques s’inscrivent dans une nouvelle campagne iranienne contre les groupes d’opposition kurdes iraniens au Kurdistan d’Irak, lancée il y a environ deux mois. En septembre, alors que les manifestations ont commencé à prendre de l’ampleur en Iran, les forces iraniennes ont frappé à plusieurs reprises des bases de Komala et du PDKI.

Ces groupes appellent régulièrement à des " manifestations pacifiques " et dénoncent la répression de la contestation née après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini. Cette jeune Kurde iranienne avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique.

 

Quand les bombardements ont commencé au Kurdistan d’Irak, l’infirmière Rezane Hassan s’est retrouvée dans une ambulance pour aller aider les blessés à Koysinjaq. Elle ne savait pas que son fiancé, un combattant des factions d’opposition kurde iranienne, serait parmi les victimes. (AFP)
Tensions régionales

La région autonome du Kurdistan d’Irak, dont les autorités entretiennent des relations très tendues avec le gouvernement central de Bagdad, est aussi régulièrement le théâtre de bombardements turcs. Dans les zones frontalières de la Turquie, Ankara vise les bases arrière du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé kurde turc que la Turquie et ses alliés occidentaux considèrent comme " terroriste ".

Bagdad est vent debout contre ces campagnes menées par ses voisins turcs et iraniens sur son sol. Mais aucune mesure de rétorsion irakienne n’est généralement prise. Lors d’une rencontre avec des journalistes samedi à Bagdad, le nouveau Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a expliqué que son gouvernement devait " prendre toutes les mesures conformément aux législations internationales en vigueur ". " Nous rejetons toute agression de n’importe quel pays, que ce soit de l’Iran ou de la Turquie ", a-t-il dit.

Maxime Pluvinet avec AFP